Résumé : Le processus éducatif, comme introduction à la totalité du réel, repose sur trois facteurs fondamentaux : la tradition, comme source du sens de la vie ; la cohérence de l'éducateur, dans ses paroles et dans ses choix éthiques ; la vérification du discours par la liberté de l'expérience.

 

 

 

 

 

JE ME PERMETS de commencer ce propos en évoquant les facteurs du problème éducatif qui sont, à mon avis, fondamentaux. Nous ne pouvons pas oublier, en particulier à cause des rappels continuels du pape Jean Paul II dans ses discours, que le problème éducatif est le problème capital d'une société ayant une conscience civile un tant soit peu évoluée. Je me souviens que les premières années où j'enseignais la religion, je disais souvent au cours des disputes et des dialectiques qui avaient lieu en classe : Envoyez-nous — nous, les prêtres — tout nus par les routes, enlevez-nous tout, mais s'il vous plaît ne nous enlevez pas la possibilité d'éduquer. Et à ma grande amertume, j'ai dû constater les années suivantes — parce que je disais ces choses il y a trente ans — que nous avons recherché toute chose mais que nous avons sacrifié la liberté éducative.

Je voudrais commencer l'évocation de ce qui me semble être les traits fondamentaux du phénomène éducatif par un extrait d'Eliot parce que, avec Leopardi, c'est mon poète préféré et, de ce fait, je le lis presque tous les jours : De tout ce qui fut fait dans le passé ["passé", voilà le premier mot du problème éducatif], vous mangez les fruits, qu'ils soient gâtés ou mûrs. Et l'Église doit toujours construire, et toujours retomber, et elle doit toujours être restaurée. Nous subissons les conséquences de toutes les mauvaises actions du passé : de la paresse, de l'avarice, de la gourmandise, de l'oubli du Verbe de Dieu, de l'orgueil, de la luxure, de la trahison, de toutes les mauvaises actions. Et de tout ce qui fut fait et était bon, de cela vous héritez. Parce que les bonnes et les mauvaises actions n'appartiennent à un homme que lorsqu'il est seul de l'autre côté de la mort, mais ici sur terre, vous avez la récompense du bien et du mal qui fut fait par ceux qui vous ont précédés. Et vous pouvez vous protéger de tout ce qui est mal en accomplissant ensemble une humble repentance, pour expier les péchés de vos pères. Et tout ce qui était bon, vous devez lutter pour le conserver d'un cœur dévot, comme fut dévot le cœur de ceux qui, parmi vos pères, luttèrent pour le conquérir. L'Église doit continuellement construire, parce qu'elle est continuellement minée de l'intérieur et attaquée de l'extérieur. Parce que telle est la loi de la vie, vous devez en effet vous rappeler qu'aux temps de prospérité le peuple oubliera le Temple et qu'aux temps d'adversité il lui sera ennemi.J'ai voulu redire ce passage d'abord parce que, comme je l'ai déjà évoqué de manière impatiente tout à l'heure, le premier facteur fondamental du phénomène éducatif est annoncé. Le phénomène éducatif est évidemment un présent ; fût-il un vestige du passé, c'est dans le présent qu'il peut devenir éducation. C'est un rapport présent. Mais pour éduquer — un grand et bon théologien autrichien m'a donné ce que je considère comme la meilleure définition de l'éducation que j'ai trouvée jusqu'à maintenant, il faut, dit-il, que l'éducation soit introduction à la réalité.

 

La tradition, pour entrer dans la totalité du réel

 

Pourquoi l'homme doit-il être introduit à la réalité totale ? Parce que, fait continuellement remarquer Jean Paul II lorsqu'il parle d'éducation ou de culture, ce qui est la même chose — parce que l'éducation est l'instrument souverain de la culture et, en dernière analyse, ces deux mots ont deux racines qui se renvoient l'une à l'autre —, l'homme doit être éduqué afin qu'il devienne plus lui-même, qu'il se réalise. L'homme, en effet, ne se réalise qu'à travers la rencontre avec un autre que lui.

 

[Fin de l'extrait] ...

 

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