NOUS AVONS CHAQUE JOUR l'occasion de constater combien notre morale n'est pas au niveau de notre technique. Nous développons sans cesse notre savoir-faire, nous accroissons notre pouvoir, mais nos conquêtes mettent rudement à l'épreuve nos valeurs et nos principes, elles doivent s'accommoder d'une capacité de réflexion morale qui n'a pas connu les mêmes progrès.

La bioéthique, pour nous en tenir à un seul exemple, court derrière les avancées de la médecine sans jamais parvenir à les rattraper. Quelle quantité d'heures ne passons-nous pas à acquérir des connaissances scientifiques et techniques, administratives ou commerciales, économiques ou juridiques, à entretenir nos compétences et à les perfectionner, à développer des procédures pour accroître la productivité, la fiabilité, et la performance des organisations, des produits et des services ? En regard, le temps consacré à prendre un peu de recul moral, à soupeser les enjeux, à former son jugement, paraît bien dérisoire.

Il est donc heureux que, depuis au moins deux décennies, le besoin de repères éthiques ait progressivement été reconnu : l'évolution des lois et règlements, des codes de déontologie professionnelle, des chartes d'entreprise et des cursus universitaires manifeste une réelle prise de conscience que tout ce que l'on peut faire n'est pas forcément bon à faire. Si, plus largement, et c'est le sens que nous retiendrons dans les pages qui suivent, nous pouvons appeler éthique l'ensemble des normes comportementales qui régissent l'activité humaine dans un secteur donné, alors on peut dire que l'on assiste à une démultiplication inédite des éthiques dans la vie de l'homme occidental contemporain.

 

Des éthiques pour une époque technique

 

L'émergence d'un contrôle éthique des activités techniques a cependant quelque chose de paradoxal : elle est en effet corrélative d'un phénomène de déconstruction et de dislocation de ce que l'on appelait traditionnellement la morale. Le seul changement terminologique est révélateur : on parle volontiers d'éthique managériale, d'éthique des affaires, de bio-éthique, mais plus difficilement de morale, sauf à désigner par là une morale du développement personnel qui n'est en définitive qu'une éthique du souci de soi. L'ordre moral effraye, le souci éthique rassure.

En réalité, le paradoxe n'est qu'apparent : c'est la crise de la morale qui a appelé, comme le vide demande à être rempli, le développement des éthiques. Or la substitution n'est pas indifférente.

 

 

 

[Fin de l'extrait] ...

 

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