Les événements terribles qui secouent la Terre Sainte font l’objet d’une couverture quasiment exclusive. L’importance du sujet est évidente, tant les répercussions qu’il implique régionalement et en France sont grandes ; mais la focalisation extrême sur ce seul sujet peut nous interroger sur notre rapport à l’information et sur le manque de recul provoqué par l’immédiateté de l’information en continu et des réseaux sociaux.

Du jour au lendemain, la guerre en Ukraine et l’Arménie sont sorties des radars ; exit aussi l’inflation et les questions climatiques pourtant très en vogue. L’actualité n’est plus évoquée qu’à travers le prisme du conflit israélo-palestinien. Et cela de manière souvent partisane et sans nuance. Ainsi, l’obsession pour le « choc des civilisations » laisse envisager une guerre totale entre l’islam et le reste du monde… Et pourtant, l’Azerbaïdjan chiite a disposé du soutien d’Israël dans son offensive contre l’Arménie chrétienne… Erevan étant de son côté soutenu par Téhéran (la République Islamique d’Iran)…

Le monde est complexe, trop complexe pour la tendance médiatique et les réseaux sociaux qui poussent à la simplification à outrance. Le discours politique non plus n’aide pas avec sa surenchère et ses amalgames. L’idée selon laquelle le Hamas serait la même chose que l’Etat Islamique est un exemple frappant de ce phénomène, une thèse répétée par de nombreuses personnalités politiques. Daech ne poursuit pas les mêmes buts aussi bien territoriaux qu’idéologiques que le Hamas, de la même manière qu’Al Qaeda dispose d’autres objectifs et souvent d’autre cibles que les deux organisations citées précédemment.

 

Les périodes de tension collective donnent lieu à des mécanismes d’auto-défense des masses qui ont besoin de se rassurer. Un phénomène qui échappe à notre tradition européenne qui s’inscrit dans un attachement profond à la raison. L’émotion générée par l’image et par l’obstruction médiatique sur le conflit en cours fait perdre toute forme de nuances et participe d’une fabrique d’opinion irréfléchie à propos d’un conflit complexe qui se déroule à plus de 4 000 km de notre pays.

 

Olivier Frèrejacques

Délégué général de Liberté Politique