Le récent succès du Pèlerinage de Chartres a suscité de vives réactions. Espoir et fierté chez les uns, critiques et parfois jalousie chez d’autres… Quel que soit le sentiment que l’on peut avoir sur cela, un constat s’impose : les catholiques n’en n’ont pas fini avec les guerres de chapelles.

Sortir des polémiques

 

Sans évoquer le fond des polémiques qui ont suivi le succès des pèlerinages de Pentecôte, on peut déplorer les conflits et la manière dont les personnes s’opposent. Dans la jungle des réseaux sociaux s’insultent des catholiques appartenant à des coteries plus ou moins identifiables ou revendiquées ; chacun revendiqua une sorte de monopole pour sortir la religion de la crise. Ici, des personnes identifiées comme traditionnalistes estimeront être les seules capables de mettre fin à la crise qui secoue l’Église, là des personnes identifiées comme « progressistes » toujours à même de donner des leçons d’ouverture semblent soudainement moins accueillantes. Les vexations et les critiques de part et d’autre ont donné lieu à une véritable cacophonie. Les écrits intéressants parus dans certains titres de presse ont largement été supplantés par la masse de commentaires guerriers souvent stupides et rarement très charitables.

 

Le clocher au milieu du village et le curé loin des réseaux sociaux

 

Dans le vacarme de ces anicroches numériques, les religieux portent leur part de responsabilité.

Les prêtres ne sont pas des influenceurs, encore moins des polémistes. Et pourtant, de nombreux abbés et autres religieux se prêtent à ces joutes numériques qui semblent très éloignées de leur mission. Les réseaux sociaux peuvent servir de lieu pour relayer des contenus portant sur l’enseignement de l’Église ou même de réflexions chrétiennes sur l’actualité mais certainement pas de champs de bataille entre catholiques. En se prêtant au format réduit des réseaux sociaux et en se pliant à leurs codes faits de polémiques, de slogans et de petites phrases, ceux qui devraient être des pasteurs au service de tous se retrouvent enfermés dans des camps. Ceux qui doivent panser les plaies des fidèles se font parfois les agresseurs et provoquent tristesse, désolation et même scandale dans le troupeau.

L’implication sur les réseaux sociaux soulève aussi la question du rapport des religieux au politique. Il ne s’agit pas ici de dire comment doivent penser ou agir nos prêtres mais de rappeler que leur rôle principal est de nous mener vers le Salut et de célébrer la Sainte Messe.

 

Évangéliser loin des guéguerres

 

Plus généralement, ces polémiques nous montrent une certaine limite à des débats parfois très théoriques et partisans. L’hypothétique renouveau du christianisme en France ne sera pas une affaire de pape, de rites, d’idées politiques, de théologie de la libération, d’écologie « intégrale » ou d’obsessions identitaires.
L’évangélisation est l’affaire de tous les catholiques : il s’agit d’inviter nos amis non-croyants à la messe, de leur faire découvrir la joie que procure un foyer chrétien, l’éducation dans la religion et de tenter le plus possible d’être exemplaire sans fanfaronner.

 

Olivier Frèrejacques

Délégué général de Liberté Politique