REVUE | Qui est Charlie ? L’essai d’Emmanuel Todd (Seuil) a provoqué l’indignation des socialistes, assimilé par l’anthropologue à des héritiers du catholicisme. Colère aussi des chrétiens qui ne se reconnaissent pas dans sa description du catholicisme, fût-il décadent. Mais Todd a raison de voir dans son catholicisme décadent, « zombie », une plaie de la France d’aujourd’hui.
Extrait de Liberté politique n° 66, printemps 2015
Par ROLAND HUREAUX
Sujet : À propos de Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse (Seuil, mai 2015 243 p., 18 €)
LES FAMILIERS des travaux d'Emmanuel Todd savent ce qu'est pour lui un catholique « zombie » : quelqu'un qui a reçu une éducation catholique, qui n'a plus la foi, mais en garde cependant des structures de comportement inconscientes. Voltaire, Diderot, Renan, Émile Combes étaient en ce sens des catholiques zombies : tout le contraire, on le voit, d'enfants de Marie !
Il y a aussi des protestants zombies, des juifs zombies (et pas n'importe qui : Marx, Freud, Husserl, Marcuse, Derrida et tant d'autres fondateurs de la culture contemporaine) et déjà, modernité oblige, Todd pense qu’il y en aura de plus en plus, des musulmans zombies.
Les catholiques zombies sont les pires anti-catholiques
La particularité des catholiques zombies est que c'est parmi eux que se recrutent les plus fanatiques adversaires du catholicisme, ce qui n'est, semble-t-il, pas le cas pour les autres groupes. Même en comptant Marx, il ne semble pas que les juifs émancipés aient jamais été les pires antisémites !
C'est dire que le dernier essai de Todd qui insiste tant sur les « catholiques zombies » crispera sans doute autant les dits zombies que ceux qui ne le sont pas et qui prendront mal d'avoir à porter les errements de leurs ennemis. Nous éviterons donc cette expression.
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