Les profiteurs du racisme.
Les profiteurs du racisme.

[Source : Revue Liberté politique]

Donald Trump fut régulièrement accusé de racisme durant la campagne électorale, et au lendemain de sa victoire, ces accusations n’ont pas cessé. Il suffit d’allumer son poste de TV pour entendre les journalistes demander invariablement à leurs invités comment un homme à la fois raciste, homophobe, sexiste, a pu être élu président. L’accusation semble aller de soi. Mais au juste, sur quoi sont-elles fondées ?

Deux éléments peuvent être mis en avant : sa volonté de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis, pour empêcher le franchissement illégal de la frontière, et son discours dans lequel, parlant des immigrés clandestins en provenant du Mexique, il aurait expliqué que les Mexicains étaient des criminels, des violeurs, etc. Il ne sera pas question ici de la politique d’immigration, qui doit être examinée rationnellement, sans invectives.

Trump, et ses électeurs, seraient racistes. D’une part, l’on peine à voir en quoi les propos parfois outranciers sur les clandestins pourraient concerner les Noirs citoyens américains. D’autre part, il convient de vérifier ce qu’il a dit exactement.

Le Figaro rapporta ainsi ses propos : « Quand le Mexique nous envoie ses gens, ils n'envoient pas les meilleurs éléments. Ils envoient ceux qui posent problèmes. Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs[1]. » Ce qui a tout de suite été traduit par « les Mexicains sont des violeurs », et c’est cette mantra qui est répétée ad nauseam.

Qu’a-t-il dit au juste ? Ceci : “They’re sending people that have lots of problems, and they’re bringing those problems to us. They’re bringing drugs. They’re bringing crime. They’re rapists. And some, I assume, are good people !”

Tout d’abord il est clair qu’il ne parlait pas des Mexicains, ou plus largement des Hispaniques, mais des immigrés clandestins. Ensuite, il ne parlait même pas de tous les clandestins, puisqu’il précise, maladroitement certes, qu’il y a des gens bien parmi eux. De plus lorsqu’il dit bizarrement que « le Mexique ne nous envoie pas les meilleurs, c’est qu’il y a, a contrario, des gens de valeur dans ce pays. Mais surtout, ce qui devrait être évident lorsque l’on connaît le style volontiers populaire de M. Trump, celui-ci a un discours simple, digne d’un représentant-placier a-t-on pu dire. Bref, il a beau être milliardaire, il « fait peuple », il parle comme les gens dans la rue. Sachant cela, et en lisant l’intégralité de son propos, on remarque qu’il emploie manifestement ici un langage elliptique. Il suffit de compléter ses ellipses pour comprendre qu’il dit donc d’une partie des Mexicains violant la loi pour s’installer aux États-Unis, donc de gens pour lesquels le respect de la loi n’est pas d’une grande importance dès lors que leurs intérêts matériels s’y opposent, ceci : « Ils n'envoient pas les meilleurs éléments. Ils envoient ceux qui posent problèmes. Certains d’entre eux apportent avec eux la drogue. Certains d’entre eux apportent le crime. Certains d’entre eux sont des violeurs », puisqu’il ajoute immédiatement « certains d’entre eux sont des gens bien[2] ».

C’est donc avec raison que Gene Callahan, après avoir vérifié les accusations des médias et des politiciens, conclut que jamais Trump n’a traité les Mexicains de violeurs, et constate hélas que les médias travaillent dur à déformer les propos de Trump.

Certes, même correctement interprété, on peut reprocher à ce dernier son ton, mais il semble infiniment plus grave d’une part de déformer volontairement des propos pour manipuler l’opinion[3], mais aussi, ce faisant, de réellement inciter à la haine raciale ou à provoquer de telles peur que les malheureux étudiants libéraux sont trop traumatisés pour aller en classe.

En effet, à qui profite le crime ?

Les États-Unis sont un pays multiracial depuis leur naissance, de par la variété des races européennes ayant accosté sur le sol américain, mais aussi du fait de l’importation d’esclaves africains, puis de l’immigration asiatique. Les États-Unis sont l’un des pays les plus prospères de la terre et les opportunités qu’ils offrent attirent naturellement une immigration en provenance d’États n’ayant pas su se développer comme par exemple et surtout les pays d’Amérique latine. Le droit du sol s’applique, et l’électorat américain actuel se compose de plusieurs minorités importantes. Démographiquement, leur poids électoral compte. Mme Clinton, comme en général le Parti démocrate, courtise ce vote. C’est pourquoi, tous les quatre ans, les divisions raciales sont exacerbées, les Républicains accusés d’être racistes. 2016 n’a donc pas failli à la règle, bien au contraire, puisque Donald Trump a des positions fermes sur l’immigration et le terrorisme, et un langage volontiers outrancier. Les Démocrates cherchèrent par conséquent, et y réussirent facilement, à effrayer les minorités en prédisant qu’avec Trump, le Ku Klux Klan serait à la Maison Blanche[4].

Il ne faut pas croire pour autant que les minorités, notamment les Noirs, n’intéressent les Démocrates que tous les quatre ans, car sous l’administration Obama, une véritable politique de tension raciale a été menée, surtout par le ministre de la Justice, Eric Holder. L’affaire malheureuse de Fergusson en est l’une des trop nombreuses illustrations. Trop souvent, la police américaine tue des suspects. Et en effet, dans un environnement criminogène, avec des armes en vente libre, l’on peut comprendre la peur des policiers appréhendant des suspects, car leur propre vie peut être en jeu. Et il arrive que ce soient des policiers blancs qui tuent des suspects noirs. Est-ce la norme ? Tout d’abord, le policier auteur des coups de feu meurtriers peut être un Noir lui-même. Ensuite, la victime de ces bavures peut être blanche. Bien plus : il y a trois fois plus de victimes non-Noires ! Mais M. Holder, lorsqu’une telle affaire met en cause un policier blanc et une victime noire, et face aux émeutes rapidement organisées, au lieu de calmer les esprits et de soutenir le maintien de l’ordre, juge coupable par avance le policier blanc et ordonne l’envoi d’une équipe du FBI pour trouver des preuves d’un acte raciste, délit fédéral. L’on comprend dans ces conditions le sentiment d’injustice des Noirs lorsqu’il apparaît à l’issue des enquêtes que les policiers accusés sont blanchis. Mais depuis ces incitations à la haine envers les policiers, ceux-ci sont la cible d’assassins ainsi légitimés. Blue lives don’t matter, after all.

La politique migratoire illustre également la duplicité des Démocrates. En effet, ils s’opposent à l’expulsion des clandestins, dont ils plaignent le sort, auxquels ils veulent offrir des avantages sociaux, ainsi que, selon leur euphémisme préféré, « une voie vers la citoyenneté[5] », en clair, une promesse de régularisation. Bien sûr ils s’opposent aux moyens possibles pour endiguer le flux de clandestins, surtout s’il s’agit de construire un « mur », autre chiffon rouge propre à toucher les émotions et à étouffer le raisonnement, surtout depuis la symbolique du mur de Berlin, dont la finalité était cependant autre.

Deux faits troublent cette image si belle. D’une part, sous la présidence Obama, davantage de clandestins auraient été déportés que sous les autres administrations. D’autre part, si l’on souhaite alléger le sort des malheureux clandestins, et ne pas les expulser mais en faire des citoyens, il est possible de réformer la loi en instaurant une liberté d’immigration, ce qui soulagerait immédiatement les bénéficiaires qui n’auraient plus à craindre la déportation ni l’exploitation par des capitalistes peu scrupuleux, et qui auraient accès à tous les droits des résidents. Le simple fait du maintien des lois restrictives sous administration démocrate incite à penser qu’en réalité, ils ont la volonté d’entretenir une classe de nécessiteux et s’en faire le vecteur d’une clientèle électorale en touchant leurs frères de race citoyens américains et normalement sensibles à leur sort.

Ainsi, par le discours soi-disant antiraciste, et visant à victimiser les minorités, la gauche et ses alliés dans les médias attisent à dessein les tensions raciales, pensant faire des minorités un électorat captif, et offrir aux Blancs libéraux un moyens d’afficher leur supériorité morale. De même qu’il y a un complexe militaro-industriel prompt à soutenir des aventures militaires pour de bas motifs, il y a une industrie du racisme, qui, en profitant, cherche à l’entretenir.

Suite à l’élection de Trump, le racisme des Blancs sert maintenant d’explication à sa victoire surprise. Ce sont les Blancs qui se seraient portés massivement sur lui, y compris dans des États traditionnellement démocrates, comme la Pennsylvanie, mais dans lesquels cette race « suprématiste » représente 80 % de l’électorat. Or, par deux fois, ces Blancs ruraux et pauvres ont voté pour Barack Obama alors même que son opposant était un Blanc. Lorsqu’ils eurent à choisir entre deux Blancs cette année, la seule explication de la classe médiatique à la victoire de l’un d’eux est le racisme[6].

D’ailleurs les chiffres devenant accessibles, l’on remarque que Trump a obtenu un score auprès de l’électorat blanc inférieur au score de Romney. En revanche, il a fait mieux que ce dernier auprès des Hispaniques, des Asiatiques et des Noirs. Les journalistes, militants de gauche, adorent les questions raciales, faisant du sensationnel, afin de vendre du papier, de mettre en bandoulière leur haute moralité, et aussi de favoriser leur camp. Aussi voit-on ce genre d’explications symptomatiques, mais d’une profonde bêtise.

Mais aux yeux des Démocrates, les membres des minorités votant républicain sont des traîtres à leurs racines[7], voir des Sonderkommandos[8]. Qui sont les véritables racistes ?

Olivier Braun

 

Article à paraître dans le n° de la revue Liberté politique n° 72, hiver 2016-2017.

[1] Voir http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/06/17/97001-20150617FILWWW00038-propos-de-donald-trump-absurdes-mexique.php

[2] Je dois à Gene Callahan d’avoir attiré mon attention sur ce point, dans son post http://gene-callahan.blogspot.com/2016/07/mexicans-are-rapists.html dans lequel il fait également un sort à son « interdiction des musulmans ».

[3] Il s’agit ici des USA, mais on retrouve la même malhonnêteté en France, dont MM. Le Maire et Ménard ont été récemment victimes.

[4] C’est ce qui s’appelle « jouer sur les peurs », et que l’on pensait, à tort, être une pratique réservée à l’extrême droite.

[5] Ce ne fut pas toujours le cas. Lors de son discours sur l’état de l’Union de janvier 1995, Bill Clinton proposait une politique extrêmement ferme contre les clandestins accusés de prendre des emplois aux Américains, voulant augmenter les moyens des polices des frontières, doubler la déportation des criminels, traquer le crime, etc. Voir la séquence de la minute 42:30 à 44 sur YouTube, sous les applaudissements d’Al Gore :

https://youtu.be/Nv6Am_o32as?t=2551

[6] Voir l’excellent commentaire post-électoral de Will Rahn, managing editor à CNS News, proposant une remise en cause de sa caste et de son attitude méprisante et aveugle : http://www.cbsnews.com/news/commentary-the-unbearable-smugness-of-the-press-presidential-election-2016/.

[7] Emission de RFI le 10 novembre 2016, 14h15 heure de Paris, témoignage de Latinos ayant voté Trump car choqués de l’attitude de Démocrates portant une telle accusation.

[8] Voir sur YouTube la vidéo en caméra cachée où un important donateur démocrate, Benjamin Barber, ose cette comparaison monstrueuse pour qualifier les Noirs votant républicains, entre autres obscénités :

https://www.youtube.com/watch?v=j1L1gNUPbTw