Billet d'anniversaire du Général Delaunay

Je vais avoir 95 ans et je tiens à associer mes amis de France- Valeurs à mon action de grâces pour les nombreuses chances de ma vie.

Billet spécial d’anniversaire

Je vais avoir 95 ans et je tiens à associer mes amis de France- Valeurs à mon action de grâces pour les nombreuses chances de ma vie.                                                                                                 

- Chance d’avoir eu d’excellents parents qui m’ont transmis, avec la foi, une santé de fer, l’amour des belles choses dont la nature et la culture françaises, plus le sens du devoir.   

-Chance, je crois, d’être doté d’une personnalité équilibrée.

- Chance d’avoir, en tous domaines, des pressentiments dont certains se sont révélés vitaux.      

-Chance dans ma vie conjugale et familiale, malgré certaines dures épreuves surmontées.                                                        -Chance dans ma carrière militaire. (Mon plus beau cadeau de ce Noël, ce sont toutes ces lettres de mes anciens soldats qui me restent attachés, certains depuis  plus de 60 ans.)

-Chance d’avoir vécu jusqu’ici une retraite active et diversifiée. 

-Chance pour moi, comblé par la vie, d’avoir humblement entrevu, en prison et dans d’autres lieux de souffrance, une autre face de la réalité humaine.  

-Chance surtout d’être resté fidèle à mon baptême et d’avoir gardé, un peu, l’esprit d’enfance.

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Sur le plan sociopolitique, j’ai pourtant vécu dans un contexte souvent éprouvant.

Enfant et adolescent, l’arrivée d’Hitler au pouvoir et, en France, celle du Front Populaire.

En 1940, la défaite, l’exode, le concours de St Cyr passé  en pleine Occupation mais au milieu de camarades souvent exemplaires.

Petit chef bûcheron aux Chantiers de jeunesse, puis rudement formé comme soldat et cavalier à l’école de la Garde de Guéret. Modeste participant à la Libération, membre de la Promotion Victoire

1945 de Coëtquidan. Après Saumur, j’ai partagé le destin de toute ma génération d’officiers : Indochine où j’ai laissé ma main droite, et Algérie à deux reprises…

Après  y avoir vu tomber près d’un tiers des nôtres  -je pense beaucoup à eux aujourd’hui- nous

avons eu la douleur de voir la France se retirer de ces deux territoires.

La moitié de mes camarades ne put alors supporter de devoir abandonner nos soldats et nos partisans indigènes et les populations qui nous avaient fait confiance ; ils quittèrent alors l’armée.

Moi, j’ai décidé d’y rester.

 

Pendant plus de vingt ans,  avec  des responsabilités grandissantes, j’ai été de ceux qui ont contribué à éviter (en la préparant) la guerre contre l’URSS. Devenu, chef de notre armée de terre, je n’ai pas réussi à convaincre le Gouvernement que la victoire se gagne surtout en temps de paix. En conflit avec le Ministre sur les moyens à confier à mes soldats, j’ai dû démissionner en 1983.

 

J’ai, bien entendu, souffert cette année de voir le Général Pierre de Villiers, CEMA, l’un de mes sous- lieutenants élèves à Saumur 1977, placé devant le même choix dans des circonstances encore pires.

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J’ai écrit La Foudre et le Cancer  annonçant la montée de l’Islamisme conquérant  et du terrorisme.        

Ce faisant, j’ai réalisé que les Valeurs qui constituaient les piliers de ma vie étaient souvent bafouées.

C’est pour réagir en continuant à servir la France que j’ai fondé en 1986 l’association France-Valeurs. Elle vit encore (modestement) et, depuis plus de 30 ans, son animation m’aide à tenir le coup.

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En conclusion, j’ai eu l’immense chance d’avoir assez  bien traversé ces 95 années et j’en remercie Dieu. 

Conscient des périls qui nous menacent, je vis cependant les derniers temps de mon existence terrestre dans l’Espérance d’un renouveau de la France La plupart des jeunes que je connais  se révélant d’une grande générosité, mon vœu le plus cher, c’est que, dans des conditions bien différentes des nôtres, ils sachent  tirer parti, pour la France, de leurs chances à eux, notamment  celle d’être français.

Dans cet esprit, je reprends ici quelques lignes de la fin de mon livre « En écho à St Ex ».   

 

« En ce début d’année, le destin de la France et celui de l’Europe me préoccupent.                                             Dans ce contexte de confusion des esprits, d’incertitude, de déprime collective et de chaos international,  montrer des gueules de sauvés, c’est notre rôle de chrétiens à la fois sel de la terre et serviteurs inutiles…

Pour cela, efforçons – nous de mettre nos vies en accord avec nos convictions.

Il n’est pas suffisant de dire non : 

non à la pollution médiatique des yeux et des cœurs de nos enfants...

non à la triche, à la drogue et au genre à l’école...

non au laxisme tous azimuts...

non aux droits de l’homme dissociés de ses devoirs...

non au « faut que j’m’éclate » présenté comme un idéal de vie...

non aux menaces directes (le mariage pour tous et ses suites) ou sournoises contre notre conception de la vie, de la famille, de l’école et, par-dessus tout, de l’homme.

Essayons  surtout de regarder le monde qui nous entoure avec des verres teintés à l’Espérance... »

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D’où mes douze pistes pour un retricotage culturel et spirituel du tissu français

N’hésitons pas à nous engager par la parole et par l'action, sans complexe ni faiblesse à retricoter  le tissu français et ce, patiemment, humblement et  opiniâtrement.

 

1/ Ni aveugles ni autruches, informons-nous pour pouvoir regarder la réalité en face.

2/Bannissons les pleurs sur le bon vieux temps d'autrefois et « c'est la faute à... ».

 

3/ Sentons-nous individuellement concernés et responsables ; acceptons de jouer chacun notre  (modeste) partition dans une réaction nationale de survie.

4/ Sachons d’abord transmettre à nos enfants notre conception de l'homme et de sa dignité.

 

5/ Instruisons chacun de ses devoirs, complémentaires de ses droits.

6/Développons en lui l’équilibre entre le corps, le cœur et le caractère, le goût de la droiture, la générosité, le sens de sa responsabilité.

 

7/ Insistons sur la nécessité d'être indépendant d'esprit, de cultiver son esprit critique (et non de critique) de savoir distinguer le vrai du faux, le bon du mauvais, le beau du laid, d'oser aussi se démarquer des autres et de savoir dire non, pour le bon motif.

8/ Montrons-lui en même temps, qu'être social, il a besoin des autres et que les autres ont besoin de lui. Incitons-le à s'engager auprès d'eux, à renvoyer l'ascenseur.                                                                  

9/ Enseignons-lui la vraie conception de l'amour humain et des bonnes relations homme / femme.                                                                                                                                                                    10/ Faisons-lui découvrir progressivement la beauté et la complexité de l'univers et de ses habitants, la diversité des situations (souvent cruelles), la chance d'être né Français et les devoirs correspondants  dont celui d'accepter des responsabilités dans la Cité.                                                                                                 

11/ Aidons-le à s'ouvrir à autrui, par exemple à oser vivre un certain temps dans un nouveau milieu pour servir les autres en découvrant un autre visage de la France et du Monde.                                      12 / Tout cela, efforçons-nous d'abord de le vivre nous-mêmes pour être crédibles.

Et faisons passer le message simplement, dans l'amour et avec humour, en saisissant toute           occa­sion de tirer les gens vers le Haut. » 

Bon tricot et bonne année                                                                                            Jean Delaunay

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