Jean-Louis Harouel: «Sortons du dogme égalitaire»

Source [Le Figaro] : ENTRETIEN - Le professeur d’université et essayiste déplore les progrès de ce qui est devenu une forme de religiosité sécularisée en Occident.

Le culte de l’égalité, dont le wokisme est le dernier avatar, est-il devenu mortifère dans nos sociétés occidentales? C’est la question qu’ose poser Jean-Louis Harouel dans Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident (L’Artilleur). Agrégé de droit, professeur émérite de l’université Panthéon-Assas (Paris 2), Jean-Louis Harouel a publié de nombreux essais dont Les Droits de l’homme contre le peuple, chez Desclée de Brouwer.

LE FIGARO. - «L’inégalité, c’est le Mal, l’égalité, c’est le Bien. Ce théorème simpliste constitue l’article de foi sur lequel vit le monde occidental», écrivez-vous en introduction de votre livre. L’égalité est-elle devenue une religion?

Jean-Louis HAROUEL. - Il s’agit de ce qu’on appelle une religion politique, ou une «religion séculière» (Raymond Aron). Le recul des croyances chrétiennes a provoqué le déplacement du sacré vers des formes de religiosité sécularisées. Il en est résulté une religion de l’humanité, dont les principales figures ont été le socialisme, notamment dans sa version communiste, et le droits-de-l’hommisme qui a pris sa suite, en étroite association avec le wokisme. L’objectif restant l’émancipation de l’humanité par la parfaite égalité.

Pourquoi la France est-elle à ce point marquée par l’idéologie égalitaire?

C’est pendant la Révolution que, pour la première fois, l’égalité a été une religion politique au pouvoir. L’objectif était d’«égaliser les têtes», selon la formule du girondin Brissot. La destruction de la noblesse reste présentée comme un des titres de gloire de la Révolution alors que, pour Tocqueville, «on a fait à la liberté une blessure qui ne guérira jamais».

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