(source : Boulevard Voltaire)
Le graphiste de la préfecture de police de Paris s’est-il déjà promené aux abords de la tour Eiffel ? Ce 6 août, l’institution a publié sur ses réseaux sociaux une affiche afin d’appeler à la vigilance vis-à-vis des vendeurs à la sauvette. « Ne vous laissez pas tenter ! N’achetez aucun objet à des vendeurs à la sauvette. Vous alimentez des réseaux clandestins et illégaux », précise la préfecture. Ce message a priori anodin, notamment en période estivale dans la capitale, a suscité un véritable tollé. En cause, le visuel de l’affiche, bien éloigné de la réalité. On y voit un homme, le regard tentateur, proposer à un autre individu une miniature de la dame de fer. Seulement, la représentation du vendeur apparaît bien éloignée du profil typique des vendeurs à la sauvette qui, dans les rues de la capitale, proposent toutes sortes de gadgets aux touristes. En effet, selon une enquête réalisée par Le Parisien en 2019, ces vendeurs sont souvent originaires d’Afrique : « Mali, Guinée, Cameroun… » « Il s’agit d’hommes plutôt jeunes ayant quitté leur pays en crise pour tenter leur chance en Europe, sans papiers. » Une conclusion similaire à celle établie par France Info, quatre ans plus tard. « Ce sont souvent de jeunes hommes, originaires du centre de l’Afrique : Sénégal, Gabon, Mali, Tchad, Cameroun », détaille alors le journaliste. Un profil bien éloigné, donc, du visage a priori européen assigné au vendeur à la sauvette sur l’affiche de la préfecture.
À noter que ce visuel est tiré d’une vidéo, mise en ligne en septembre 2024 par la préfecture, dans laquelle les autorités tentent d’inciter les touristes à acheter leurs souvenirs dans les boutiques officielles.
Inévitablement, l’affiche de la préfecture de Paris n’a pas manqué de faire réagir, sur les réseaux sociaux. « Tout à fait le portrait-robot du vendeur à la sauvette, il suffit d’aller se promener du côté de la tour Eiffel pour le vérifier », ironise ainsi le chroniqueur Éric Naulleau. « Jean-Édouard le vendeur à la sauvette alors que 100 % sont des Africains. De qui vous moquez-vous ? », s’agace le militant Damien Rieu. « Vraie question : vous avez déjà vu un vendeur à la sauvette européen ? », ajoute une militante du collectif Némésis. Résultat : la préfecture de police a fini par retirer la publication de ses réseaux sociaux.
Quels sont les objectifs de ces campagnes qui refusent de cibler le bon public ?
