(source : Le Figaro) FIGAROVOX/TRIBUNE – Le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique latine menace notre agriculture dans sa transition alimentaire et environnementale, estime l’agricultrice Anne-Cécile Suzanne.
Notre agriculture est magnifique. Quand je parcours mes champs, je sais qu’ils seront encore là dans 20 ans. Comme éternels. Mais le sont-ils vraiment ? Quel visage offriront-ils à nos enfants ? Et ces enfants justement, quel avenir ont-ils devant eux ? Nous en voudront-ils, de ne pas avoir su conjuguer efficacement production alimentaire et respect de l’environnement ? Souveraineté et commerce international ? Alors que les dernières feuilles d’automne se balancent insouciantes au vent, je me dis qu’il y a de quoi se sentir impuissant aujourd’hui, les bottes dans la terre, à creuser des sillons sans bien savoir où ils vont.
En Europe, le nationalisme se durcit. La politique agricole commune (PAC), fondatrice de l’Union européenne telle que nous la connaissons, est en train de tomber sous les égoïsmes. Chaque pays veut retrouver son pouvoir de décision et d’orientation agricole, pour maximiser ses intérêts d’ici la prochaine échéance électorale, quitte à exercer une concurrence déloyale à l’égard de ses voisins, quitte à sacrifier les transitions environnementales nécessaires pour demain.
