(source : Elements) À Bruxelles, il suffit de s’éloigner des vitrines rutilantes du centre pour tomber sur une tout autre ville. À deux rues d’îlots prospères, s’amoncelle une misère importée qu’on déverse, à nos frais, dans les hôtels réquisitionnés. Entre ces deux mondes que tout oppose, un État en miettes s’efforce de tenir le décor, tandis que les acteurs privés y voient l’occasion rêvée de garantir leurs revenus. Cette générosité de façade – en réalité financée par Nicolas-qui-paie – siphonne les caisses publiques, fracture les communes et propulse la Région de Bruxelles-Capitale dans une zone rouge budgétaire inédite, au bord du chaos. L’Europe exige, la Belgique s’exécute et Bruxelles se tiers-mondise à vue d’œil. Reportage au cœur d’une folie migratoire qui a cessé d’être un accident pour se muer en suicide. Et aussi en un système rentable, mais pour quelques uns seulement.
Il suffit de s’éloigner un peu de la Grand-Place, ses dorures et ses touristes, pour tomber sur des hôtels aux façades fatiguées où se faufilent des demandeurs d’asile. Des établissements mis à genoux par la pandémie avant que l’État belge, aux abois, ne décide de les reconvertir en centres d’accueil d’urgence improvisés. L’Europe impose ; la Belgique paie l’hôtel. C’est absurde et choquant pour un pays qui vient d’imposer 10 milliards d’euros de privation à sa population.
La migration transfigure la pauvreté
Le pays tant loué pour son art du compromis impossible est aujourd’hui au bord du gouffre. Un État démembré, véritable puzzle institutionnel, où la politique migratoire est légiférée au niveau fédéral, exécutée partiellement par les Régions et cofinancée par les communes. Incapable d’absorber les flux migratoires, l’État belge, à travers son Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil), a été condamné à plus de dix mille reprises pour manquement à ses obligations en matière d’accueil des demandeurs de protection internationale (DPI). Les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme pleuvent. Les astreintes aussi. L’année dernière, des huissiers ont même débarqué au cabinet de l’ancienne secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration pour saisir… la machine à café.
