L’une des plus grosses ficelles de la vie politique contemporaine est l’idée de nouveauté. C’est là-dessus qu’Emmanuel Macron, pourtant énarque passé par le Parti socialiste, a fait sa renommée et a pu accéder au pouvoir. Rupture, « ni droite ni gauche », saturation de l’espace médiatique et démagogie : le président sortant est essoufflé après plus de huit ans au pouvoir.
« Pour une nouvelle République ». Le slogan peut prêter à sourire ; c’est la nouvelle lubie de Gabriel Attal. Celui qui s’est imposé comme successeur d’Emmanuel Macron, président du parti présidentiel et de son groupe à l’Assemblée, vante les mérites d’une rupture, oubliant un peu vite que son camp est au pouvoir depuis plus de huit ans. Multipliant les propositions de réforme qu’il n’a pas mises en place lorsqu’il était aux manettes, ce bébé Macron entend avoir sa carte à jouer en 2027.
Pas sûr que le président le soutienne, ni d’ailleurs que la sauce prenne auprès de l’opinion. Incarnation du vide macronien, probablement un rien plus idéologue et certainement moins qualifié techniquement, ce petit Parisien qui n’a jamais travaillé de sa vie s’active pour tenter de réenchanter le rêve macronien. Tout y passe : « celles et ceux », « nos jeunes » (il n’a bien sûr pas d’enfants), « créer de nouveaux droits »… Les poncifs contemporains sont égrenés sur le chapelet de la bien-pensance.
Attal se place néanmoins en retrait sur la question palestinienne, soucieux de préserver un électorat centriste frileux sur cette question ; en revanche, il est disposé à taper plus à gauche sur le plan sociétal, guidé là encore par des logiques communautaires.
Ce calcul devrait d’ailleurs nous épargner la perspective de le voir débarquer à l’Élysée en 2027. Il représente un centre-gauche dont l’opinion semble lassée, et si un successeur du camp présidentiel doit reprendre les manettes en 2027, ce sera probablement une option qui penche plus vers le centre-droit.
Demeure aussi l’hypothèse d’un président élu hors du « socle commun » et, évidemment, la possibilité de voir cette coalition imploser bien avant l’échéance présidentielle, même si, pour l’heure, des coalitions entre macronistes et LR semblent voir le jour dans les grandes villes (Lyon, Marseille) pour contrer la gauche écolo-socialiste.
Quoi qu’il en soit, critiquer le macronisme ne suffira pas ; pour l’emporter en 2027, il conviendra d’enterrer cette parenthèse, de renoncer à ses méthodes et à son arrogance et de renouveler vraiment la pratique politique en France.

Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
