Les déclarations du chef d’état-major des armées Fabien Mandon sur la nécessité de se préparer à la guerre ont suscité de vives réactions. Entre alarmisme politique et nécessaire réveil, il convient d’envisager sereinement et sans naïveté la nouvelle donne géopolitique et sécuritaire.
« Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement […], si on n’est pas prêts à ça, alors on est à risque ». La déclaration du chef d’état-major des armées (CEMA) français Fabien Mandon agace et interroge.
L’arrogance et le passif du messager nuisent au message
D’un côté, voir ce haut gradé, à un poste très politique et donc inévitablement proche du président, évoquer devant les Français le plus grand des sacrifices peut irriter. Alors que les politiques en place depuis des décennies ont conduit des parents à perdre leurs enfants, victimes, non pas du front mais de l’immigration : Thomas à Crépol, Philippine, Lola, se voir donner des leçons par le supplétif d’un président, qui lui n’a d’ailleurs pas d’enfants, est pour le moins odieux. Le contexte aussi peut étonner. Ces mots ont été prononcés lors d’une allocution devant le Congrès des maires de France. Sont ciblés ici les élus de la ruralité. La campagne, encore trop blanche pour certains, serait-elle la cible prioritaire en cas de conscription ? Qu’en sera-t-il de la jeunesse de banlieue qui se revendique de l’Algérie et d’autres États africains ? Nicolas partira-t-il au front quand d’autres resteront à l’arrière ? Enfin, contre qui doit-on se mobiliser ? Contre la Russie qui n’a pas été capable de conquérir un cinquième du territoire ukrainien en trois ans et demi ? Si Moscou n’est pas l’allié de Paris, l’envisager comme la première des menaces pour le pays est aujourd’hui contestable. Le CEMA appelle à « la force d’âme, pour accepter de nous faire mal, pour protéger ce que l’on est », la formule est juste, mais elle pousse inévitablement à se demander ce que nous sommes. Difficile de se trouver des points communs à une telle question avec Emmanuel Macron ou même Jean-Luc Mélenchon qui s’est montré hostile à ces déclarations…
Se tenir prêt pour notre pays
D’un autre côté, il est aussi possible de faire nôtre l’appel du chef d’état-major des armées de manière plus générale. Sur le réseau social X, maître Henri de Beauregard analyse ainsi : « Les réactions pavloviennes suscitées par le propos du CEMA lui donnent paradoxalement raison : après 3 générations, bercées dans l’idée que la paix est un acquis, nous ne sommes pas, nous ne sommes plus ». Et en effet, la décomposition des mœurs, la chute de la patrie, la chute de la famille ont redessiné un pays endormi dans le confort et l’individualisme et profondément modifié par une immigration débridée. Quoi qu’on pense de la potentielle menace militaire russe, se préparer dans un contexte dégradé tant au niveau européen qu’au niveau intérieur et alors que les États-Unis semblent se désengager de leur tutelle militaire à l’Ouest est aujourd’hui indispensable.
Aimer son pays, c’est aussi être prêt à se sacrifier pour lui en espérant un avenir meilleur même si on l’estime gouverné par des nuisibles. La France n’entrera très probablement pas en guerre contre la Russie dans les années qui viennent, mais il serait opportun de profiter de ce contexte géopolitique pour se repenser comme une puissance, se préparer aux menaces et être prêt au sacrifice pour nous-mêmes et, le cas échéant, pour nos enfants.

Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
