Dans un contexte d’émiettement des forces politiques, les petits calculs politiciens et les tentatives de coup de force sont autant de signaux d’un régime en bout de course. Le vote du budget est l’occasion rêvée pour les larrons parlementaires. Quel que soit le dénouement de cette séquence, ce sont les Français qui paieront les pots cassés.
L’agitation parlementaire peut amuser. Dans le petit théâtre où la tragédie française rencontre le ridicule d’un personnel politique pas à la hauteur, les députés s’écharpent sur des chiffres qu’à peu près personne ne comprend. Ceux qui ne sont pas aux affaires en profitent pour suggérer des mesures qui mettront les gouvernants dans une situation délicate, quand les autres invoquent la « responsabilité », véritable mantra macronien, notion qui n’a jamais autant été usitée et probablement jamais autant dévoyée. Entre ceux qui se bercent d’illusions sur la remise en cause de la réforme des retraites et ceux qui veulent continuer à arroser un système qui fait la part belle à l’assistanat et aux fonctionnaires, il est très difficile de déceler un discours sincère et non calculé. Les mesures budgétaires votées ces derniers jours seront de toute manière détricotées au Sénat et une mobilisation massive du centre sur les prochaines lectures devrait lisser la mouture finale… Encore faudra-t-il parvenir à faire voter le budget définitif.
Anicroche sur l’Algérie : la gauche, parti de l’étranger
Le RN a profité de sa niche parlementaire jeudi pour faire un coup d’éclat en faisant voter la remise en cause des accords de 1968 avec l’Algérie… Et le texte est passé ! Ce qui a permis d’électriser un peu plus le Palais-Bourbon. Les Républicains ont voté pour, tout comme le parti d’Édouard Philippe. Les macronistes se sont abstenus. Et pour cause : Gabriel Attal s’était positionné pour une telle mesure. La gauche a gémi toute l’après-midi après ce vote, criant au racisme et au néocolonialisme. Le texte, s’il n’aboutit à rien à court terme, permet de pointer du doigt le rôle de serpillière de Paris vis-à-vis d’Alger. La gauche, héritière des porteurs de valises et supplétifs des terroristes du FLN, montre ici son vrai visage.
Entre les débats budgétaires empreints de démagogie de toutes parts, les oppositions frontales sur des questions comme l’immigration et la sécurité, le spectacle offert par la représentation nationale est un véritable miroir du pays : fragmenté et déclinant. Les lendemains ne chanteront pas. Si l’Assemblée nationale est dissoute, il est très peu probable qu’une majorité absolue se dégage ; et si le RN venait à l’emporter, il devrait encore composer non seulement avec un Sénat LR, mais aussi avec un président hostile. Il faudrait alors également compter, à un an et demi d’une nouvelle présidentielle, sur une mobilisation massive des organisations d’extrême gauche, des syndicats, des juges… Pour la France comme pour le RN, temporiser serait probablement la meilleure des issues pour préparer des alliances en vue de 2027. Car s’il faut battre le fer tant qu’il est chaud, il convient aussi de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.

Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
