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Le fief artistique de Nicolas Dupont-Aignan

Oui, nous l’avouons, nous aimons ce mot de « fief ». Au-delà de son côté féodal, moyenâgeux, il vous a quelque chose de réconfortant, rassurant, « sécurisant », et nous ne verrions guère de difficulté à nous dire serf de ce fief, attendu, comme on ne sait pas, que le « droit de cuissage » n’est pas pour le seigneur celui de faire passer à la casserole tout ce qui bouge sur ses terres mais, simplement, le droit d’aller faire cuire son pain au four banal, mis à la disposition de la classe, ou communauté, des paysans. De ces paysans, de ces manants, nous sommes, et il vous est recommandé de visiter ce fief, situé à Yerres, dans l’Essonne.

Il nous arrive de nous rendre en province ou à Paris à des vernissages d’art contemporain qui nous accablent sous le poids de leur laideur, des vernissages lors desquels, si vous posez en toute innocence votre gobelet de mauvais champagne sur le rebord d’une étagère en carton, telle jeune femme se précipite vers vous, tentant de vous démontrer que vous avez, fusse par inadvertance, commis un crime de lèse-modernité artistique puisque nous ne nous étions même pas aperçus qu’on avait touché, là, sans le savoir, à une œuvre d’art. (Mais, arrêtons là notre diatribe bien connue contre l’art contemporain en tant que concept et parti pris politique et revenons à hier).

La Maison du peintre Caillebotte, demeure Premier Empire, et son parc, de fait, n’abritent que des expositions qui, pour donner parfois à voir des œuvres contemporaines (au sens strict de la chronologie), jamais pourtant ne n’inscrivent dans le courant que recouvre, au point de vue du paradigme, ce qu’on appelle ce satané « art contemporain ».

Autant qu’il nous en souvienne, et au pire si l’on peut dire, on y mire et admire de l’étrangeté sarcastique (plus proche de l’enfer que de Daumier), telle celle étalée l’année dernière sous les encres d’un certain Ofer Josef tandis que, cette année, nous eûmes droit à une exposition des trésors photographiques d’un couple de riches philanthropes cubano-américains. Diane Arbus, Robert Doisneau, Willy Ronis and so on : ce sont les clichés des plus talentueux photographes du siècle dernier, patiemment acquis par Sondra Gilman et son époux Celso Gonzalez-Falla, qui furent, pour la première fois, exposés en France grâce au bon goût et à l’entregent de Valérie Dupont-Aignan, directrice de la Maison Caillebotte dont le mari préside la fondation (de nos jours, on dit : le fonds de dotation). Dans la dot, donc, rien que du beau (parfois, du beau monde). Toujours à l’affiche, une certaine mélancolie judéo-slave en la personne des estampes, peintures et sculptures de Boris Zaborov dont la pénombre sera heureusement compensée par l’exposition concomitante de Matière-Lumière de la plasticienne allemande Evi Keller.

On se rappelle aussi, un peu avant, une certaine Béatrice Helg, autre remarquable personne, et bonne artiste suisse ô combien saine et sympathique.

Bref, la Maison Caillebotte, c’est, assuré, le bon goût près de chez vous, en tous cas à quelques dizaines de kilomètres de Paris, et, sauf exception de mauvais goût (puisque, n’est-ce pas, la beauté est objective), la garantie d’une qualité picturale et plastique constante.

Quant à nous, à défaut de talent d’artiste, on s’est ici modestement borné à user de la brosse à reliure et à vous rappeler que, partant de la capitale, vous dirigeant vers le sud-est, il existe deux directions vers le divertissement : celle vers l’abêtissement/travestissement de Mickey et Disneyland, à Marne-la-Vallée, celle vers le ravissement calme et enrichissant que procurent, à Yerres, un parc et une maison fondés il y a deux siècles par un de ces ‘‘petits maîtres’’ qui égale bien des grands, et qui a pour nom Gustave Caillebotte.

 

Hubert de Champris

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