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Laboratoire d’idées au service du Bien Commun

La mise en détention de Nicolas Sarkozy pour des motifs hasardeux nous ramène aux formes les plus archaïques de la justice

Le mouvement de sympathie, voire chez certains l’indignation, qui a suivi l’incarcération de Nicolas Sarkozy, le 21 octobre 2025, à la prison de la Santé, aura surpris les juges, et sans doute bien d’autres.

« Même les grands n’échappent pas à la justice », dira-t-on. Soit.

Mais ceux qui ont voulu faire là un exemple ne pouvaient choisir un cas plus ambigu.

Le seul chef d’accusation retenu dans le jugement est celui « d’association de malfaiteurs », sans que le juge ait réussi à établir de quel méfait il s’agissait ! Cette expression désignerait en réalité une simple réunion de l’ancien président avec deux de ses plus proches collaborateurs !

Mais le plus choquant demeure l’exécution immédiate de la peine alors qu’elle est frappée d’appel et qu’aucune des conditions habituelles pour cette procédure (risque de fuite, menace pour l’ordre public, etc.) n’était manifestement remplie.

Quand on sait que l’une des juges avait, au mépris de son devoir de réserve, participé à une manifestation contre l’ancien président, on mesure combien cette décision entache la crédibilité de la justice. Comme l’avait entachée l’affaire, encore récente, du « mur des cons » si légèrement sanctionnée.

On ne peut s’empêcher de penser que certains magistrats ont profité de ces affaires pour « se payer un président », surtout lorsqu’il est réputé de droite. C’est la vieille invidia democratica, où des petits aiment humilier les puissants.

Déjà, Nicolas Sarkozy avait été condamné pour tentative de corruption. La preuve du délit reposait sur une interception de ses communications, en violation flagrante des règles qui protègent l’indépendance des avocats.

Les erreurs les plus graves que certains reprochent, à tort ou à raison, au président, ne relèvent que de la politique, non du droit pénal : la départementalisation de Mayotte, dont on mesure aujourd’hui les inconvénients ; le traité de Lisbonne manifestement contraire au vote des Français lors du référendum du 29 mai 2005 ; la guerre de Libye qui a semé le désordre dans une grande partie de l’Afrique par la diffusion de l’arsenal de Kadhafi (mais qui n’aurait pu être entreprise sans l’aval de Barack Obama, prix Nobel de la paix !).

Pour le reste, sans doute une personnalité, quelle qu’elle soit, doit-elle être jugée selon le droit commun, par exemple si elle est prise en flagrant délit de crime de sang. Mais s’agissant d’affaires d’une autre nature, nous pensons — quitte à choquer — qu’un ancien président mérite une certaine réserve. La loi commune doit certes lui être appliquée, mais sans cet acharnement qu’on ne peut s’empêcher de ressentir en l’espèce.

Le président de la République n’est pas un roi de France, nous le savons bien. Mais pendant cinq ans, il a été en charge d’une communauté de plus de 65 millions de personnes qu’on appelle la France et coresponsable des grandes affaires du monde. La charge est lourde, très lourde. Lui revenait entre autres la possibilité de mettre en œuvre l’arme nucléaire.

S’il y a quelque chose de sacré dans la fonction suprême — qu’elle soit monarchique ou républicaine — c’est cette immense responsabilité qui incombe à celui qui l’exerce et pas aux autres. Bon an, mal an, Sarkozy l’a assumée : il a laissé la France en paix, il a même contribué, dans l’affaire de la Géorgie, à préserver la paix mondiale ; aucune grave catastrophe ne s’est produite. Et à l’égard du reste du monde, il n’a pas été ridicule.

Ce « quelque chose de sacré » qui demeure attaché à la fonction de chef d’État aurait dû être respecté. Il ne l’a pas été, en l’espèce. Tout laisse à penser que nous assistons à une scène telle que l’a décrite le philosophe René Girard : le roi offert en sacrifice — ou pire encore, car l’exécution d’un roi s’accompagne parfois d’un certain apparat — alors qu’ici, tout semble avoir été fait pour humilier l’ancien chef de l’État.

Le fait que la fonction royale, au sens large, emporte avec elle le risque du sacrifice — la Roche Tarpéienne est près du Capitole, disaient les Latins — nous ramène aux mécanismes tribaux les plus primitifs. Doivent-ils inspirer une justice qui se veut moderne ?

Roland HUREAUX

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