(source : Atlantico)
L’assassinat de Mehdi Kessaci, jeune civil sans lien avec le trafic, bouscule le discours officiel : pour la première fois, un meurtre ciblé frappe la société civile elle-même. Un choc pour le gouvernement, mais un tournant qui s’inscrit dans une série de “points de bascule” déjà franchis, au fil d’une violence narco toujours plus stratégique.
Atlantico : Pourquoi l’assassinat du frère d’un militant anti-drogue à Marseille est-il considéré par le gouvernement comme un “point de bascule”, et en quoi marque-t-il une évolution dans la violence liée au narcotrafic ?
Bertrand Cavallier : Selon le ministre de la justice, Gérald Darmanin[1], l’assassinat de Mehdi Kessaci, petit frère du militant écologiste Amine Kessaci « est sans doute un point de bascule effrayant qui doit faire prendre conscience du danger de cette mafia du narcobanditisme à l’ensemble de la société française ». Le ministre de l’intérieur, Laurent Nunez a repris cette expression lorsqu’il s’est adressé aux députés le 18 novembre 2025. Le directeur général de la gendarmerie avait osé ce constat lors d’une réunion de hauts gradés de l’arme, le 14 novembre 2024, à l’école militaire. Mais dès le 1er novembre précédent, Bruno Retailleau, alors ministre de l’intérieur, avait usé de cette formule, cinq jours après qu’un enfant de 5 ans avait été gravement blessé à Rennes, sur fond de règlements de comptes liés au narcotrafic.
En réalité, le point de bascule est atteint depuis des années. Les alertes de madame Laure Beccuau[2], procureur de la République de Paris, comme celles de magistrats de la cité phocéenne constatant que l’on était « en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille » ont été des plus claires s’agissant d’une situation extrêmement préoccupante.
