À mesure qu’approche la fin de son règne, Emmanuel Macron perd en popularité et voit le paysage politique se désagréger sous ses divins pieds… Le personnage n’a plus rien à espérer du temps qui lui reste, si ce n’est de tenter de marquer son passage avec la reconnaissance de l’État palestinien.
Des pitoyables mandats présidentiels de Jacques Chirac, ne demeure que son refus de la guerre en Irak. C’est probablement chez ce prédécesseur qu’Emmanuel Macron cherche une inspiration pour laisser une petite trace pas trop négative, après un second quinquennat chaotique.
Son attachement tardif à la reconnaissance d’un État palestinien semble en tout cas répondre à un tel mécanisme. Incapable de défendre la grandeur du pays dans lequel il a été élu, obsédé par une Union européenne où il se verrait bien calife à la place d’Ursula, mais bien en peine d’être apprécié de ses homologues continentaux, le président en fin de parcours multiplie les déclarations en faveur d’un État palestinien, espérant quitter la scène sur une note internationale favorable.
Macron : l’opportunisme sur une montagne de cadavres
Une position qui s’inscrit dans la tradition de la politique arabe de la France, mais qui, en l’occurrence, relève d’un opportunisme assez malsain. Il aurait été plus judicieux de défendre la reconnaissance de l’État palestinien avant l’attaque du Hamas du 7 octobre. Par ailleurs, en matière de symbole et de popularité, cela n’aura pas le même impact que l’Irak pour Chirac.
En effet, près de 150 États sur les 193 que compte l’ONU ont déjà reconnu la Palestine, et la France aurait probablement plus de poids en se positionnant comme un intermédiaire crédible entre les deux parties, en soutenant la Palestine tout en ménageant Israël, où le président accusé de crimes de guerre, Benjamin Netanyahou, ne sera pas éternel.
Avec Emmanuel Macron, la politique internationale devient une variable d’ajustement destinée à écrire sa petite histoire présidentielle. Le calcul est mauvais et ne portera ni à droite, ni à gauche, ni dans son propre camp.
Un pari perdant sur tous les fronts
À droite, l’opinion pro-israélienne est devenue un réflexe pavlovien : au RN, pour faire oublier les dérapages du fondateur ; chez Les Républicains, car c’est un prétexte bien commode pour dire du mal des Arabes de France… Ce côté de l’échiquier ne se réjouit donc pas de l’initiative présidentielle.
À gauche, cela relève du calcul électoral classique à destination des populations immigrées, teinté d’un tropisme pour les luttes nationalistes à condition qu’elles soient étrangères. Mais l’arrivée tardive du président sur ce terrain ne séduira pas cette famille politique, qui en demandera toujours davantage, alors même que Macron devra continuer à manier son désormais légendaire « en-même-temps » : reconnaissance de l’État palestinien et en même temps fourniture d’armes à Tsahal…
Enfin, dans son propre camp, Emmanuel Macron ne convainc pas. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, s’est rendue en Israël dès octobre 2023, accompagnée du VRP de Netanyahou en France, Meyer Habib. Quant au reste – de ce qu’il reste – de son parti, l’enthousiasme est loin d’être au rendez-vous, à l’image du président de Renaissance, Gabriel Attal, qui se montre très discret sur le sujet.
Emmanuel Macron a, à peu près, tout raté en huit ans au pouvoir. Il devrait donc également rater sa sortie en tentant de faire du « sous-Chirac ». Il pourrait même parvenir à s’aliéner ses propres troupes, déjà bien échaudées par sa dissolution surprise… et ratée !

Olivier Frèrejacques
Président d’Olivier Frèrejacques
