Le Premier ministre François Bayrou est finalement tombé lundi 8 septembre à l’occasion du vote de confiance qu’il avait lui-même initié. L’édile aura tenu huit mois à la tête du gouvernement, mois marqués par le vote en faveur de l’euthanasie et sa gestion calamiteuse de l’affaire Bétharram… Le ministre désormais démissionnaire est un nouvel échec du président. Son départ n’augure en revanche rien de meilleur pour le pays.
Faire tomber Barnier n’avait servi à rien, éliminer Bayrou ne sera pas plus utile. Mais à la différence de son prédécesseur à Matignon, François Bayrou a lui-même sollicité un vote de confiance et n’est pas tombé à partir d’une motion de censure. Avec 364 voix contre lui sur 577, le verdict du scrutin parlementaire est net. L’apparatchik du Béarn s’en va avec un bilan déplorable et ne sera jamais parvenu à s’installer comme véritable chef de gouvernement.
Derrière la chute de Bayrou, un nouvel échec du « macronisme »
C’est une première sous la Vème République qui s’inscrit dans une crise initiée en partie par Emmanuel Macron avec sa dissolution malheureuse après la pourtant courte défaite de son camp lors des élections européennes du printemps 2024.
Plus généralement c’est une nouvelle étape dans la recomposition politique à quelques mois des municipales et à moins de deux ans de la présidentielle.
L’hypothèse d’une nouvelle dissolution prend de l’ampleur et plusieurs partis d’opposition poussent dans ce sens. Le président semble, aux dernières nouvelles, se pencher sur une alliance de centre gauche avec les socialistes. Mais en cas d’échec, il pourrait bien être contraint à une nouvelle et très probablement dernière dissolution.
Le « socle commun », qui rassemble péniblement de la gauche macroniste au centre droit, va connaître une période de turbulences pendant cette période de négociations et pourrait tout bonnement éclater en cas de dissolution.
Faire tomber Bayrou et après ?
François Bayrou, vieux briscard de la vie politique française, était censé manœuvrer dans un jeu d’équilibre complexe avec une Assemblée fragmentée. Il a échoué, pas seulement du fait de son incurie et de son arrogance, mais aussi parce qu’il arrive après huit années de macronisme et qu’il est comptable de l’échec présidentiel.
Personne ne regrettera Bayrou, traître pour les uns, pas à la hauteur pour tous, balbutiant à la tribune et incapable de se dépêtrer des attaques de la gauche mélenchoniste et de son propre camp dans l’affaire Bétharram pour laquelle il a tenté de jouer péniblement la montre alors que les faits gravissimes de violences contre des enfants exigeaient de la pédagogie et surtout de la clarté.
Et les oppositions dans tout cela ? La gauche LFI et ses affidés du NFP ainsi que le RN ont fait sauter le soldat Bayrou mais devront composer avec un autre Premier ministre nommé par Emmanuel Macron (Lecornu ? Bernard Cazeneuve ?). En cas de dissolution aucune formation n’est assurée de disposer d’une majorité absolue et donc le jeu parlementaire sera bloqué. Quant à la situation déplorable des finances de l’Etat, elle risque d’être traitée plus tard…
Bayrou, lui, s’en va. Rare personnalité politique à se revendiquer du catholicisme il aura, pendant ses plus de huit mois à la tête du gouvernement, fait passer l’euthanasie et se sera illustré de la pire des manières dans le cadre de l’affaire Bétharram. Icône d’une classe politique décadente et opportuniste, celui qui aura largement prospéré sur les deniers des contribuables semble désormais hors jeu. Tant mieux.

Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
