(source : Conflits) Vertigineuse expérience que celle de l’Argentine de Javier Milei. Élu en décembre 2023 malgré un statut de non-favori des sondages, le président libertarien se prête depuis plus d’un an à un rôle de chirurgien de l’extrême, prêt à tout pour refermer les plaies de la corruption et de l’inflation après vingt ans de kirchnérisme (2003-2023).
Guilhem Lugagne Delpon
Le président argentin a initié une nouvelle dynamique, et il n’hésite pas à la mettre en avant pour en tirer profit, comme lorsqu’il s’adresse aux dirigeants du monde au cours de son discours à Davos en janvier 2024 : « Vous êtes les véritables protagonistes de cette histoire, et sachez qu’à partir d’aujourd’hui, vous avez un allié indéfectible en la République d’Argentine. » Une influence qu’il espère donc mondiale[1].
L’avènement d’un outsider
Fervent admirateur de l’école autrichienne et solide chercheur en économie, ce n’est qu’à partir de la fin des années 2010 que Javier Milei esquisse les traits d’un dessein politique. Président du Parti libertarien, il guide la coalition La Libertad avanza en 2021 lors des élections de mi-mandat d’Alberto Fernandez et accède au congrès en dénonçant une « caste politique corrompue ». Le 19 novembre 2023, après une campagne virale dans le monde entier placée sous le signe de la tronçonneuse, Javier Milei défait le candidat péroniste Sergio Massa avec un score historique de 55,65 %[2] des voix au suffrage universel direct, qui le propulse au palais présidentiel, la Casa Rosada. Prenant ses fonctions en décembre de la même année, il succède à Alberto Fernandez, successeur désigné de Cristina Fernandez de Kirchner.
Il hérite d’une situation économique devenue incontrôlable avec une inflation exponentielle, un déficit budgétaire ayant dépassé les 6 % alors que, dans le même temps, 41,7 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Un chantier monumental. Dès lors, Javier Milei applique sa doctrine économique qui repose sur la confiance dans le marché, tout en comptant sur l’appui des cadors de l’économie mondiale.
