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Laboratoire d’idées au service du Bien Commun

Crise d’eau en Iran : gaspillage idéologique d’une ressource de plus en plus rare

(source : Conflits) En Iran, la crise de l’eau ne résulte pas d’un simple aléa climatique, mais d’une combinaison de choix politiques erronés, de stratégies agricoles idéologiques et d’une gestion opaque des ressources. Derrière les pénuries récentes se cache une impasse structurelle : celle d’un modèle de développement qui a sacrifié la durabilité au nom de l’autosuffisance et de la sécurité.

L’Iran traverse actuellement une crise hydrique sévère. Depuis plusieurs semaines, les coupures d’eau se multiplient dans la capitale, Téhéran, ainsi que dans de nombreuses provinces, à tel point que les autorités ont été contraintes de déclarer un jour férié national afin de freiner la consommation d’eau et d’électricité. Cette décision inédite, prise fin juillet 2025, témoigne de l’ampleur du désastre. Dans certains quartiers, l’eau ne coule plus des robinets pendant plus de douze heures consécutives, forçant les habitants à stocker, rationner ou acheter de l’eau à prix fort. Les barrages approchent de niveaux critiques, certains réservoirs tombant à moins de 10 % de leur capacité.

Une crise de l’eau

Il est légitime de s’interroger sur le rôle que peut jouer la propagande anti-iranienne dans la perception, et peut-être dans l’amplification médiatique, de cette crise. De nombreux médias ont récemment relayé des images spectaculaires de réservoirs à sec, de coupures massives ou de manifestations locales contre les autorités. Ces représentations s’inscrivent dans un climat général de défiance vis-à-vis de la République islamique, où chaque crise intérieure est interprétée comme un signe de faiblesse du régime, voire, pour certains, comme l’annonce de son écroulement.

Cela étant dit, il serait excessif de réduire l’ampleur de la crise à une simple construction médiatique. Les données hydrologiques disponibles, les observations satellitaires, les rapports d’experts iraniens comme Nasser Karami, climatologue et géographe iranien et professeur associé à l’Université de Bergen (Norvège) spécialisé dans les liens entre totalitarisme et environnement, ainsi que les témoignages de la population convergent tous vers le même constat : l’Iran fait face à une raréfaction profonde et durable de ses ressources en eau. La crise est bien réelle, structurelle, et ne date pas de la saison sèche actuelle. Elle s’inscrit dans une trajectoire ancienne, marquée par plusieurs épisodes hydriques majeurs, dont certains présentent des similitudes frappantes avec la situation actuelle.

L’une des crises les plus marquantes a eu lieu entre 2013 et 2015, lorsque de vastes régions du pays, notamment le Khouzistan, le Sistan-Baloutchistan, Ispahan et Kerman, ont été confrontées à une sécheresse prolongée et à des coupures d’eau régulières. Cette période a été marquée par l’effondrement du niveau du lac Ourmia, autrefois l’un des plus grands lacs salés du Moyen-Orient, dont plus de 90 % de la superficie avait disparu à la suite du détournement de ses affluents pour l’agriculture et de leur capture en amont par une série de barrages.

Un autre épisode marquant s’est déroulé à l’été 2021, notamment dans le Khouzistan, région stratégique et riche en pétrole, mais victime de l’assèchement quasi total de ses rivières, comme le Karkheh et le Karoun. Cette crise, aggravée par la défaillance des réseaux d’irrigation, a entraîné la perte de bétail et l’exode de milliers de foyers paysans. Des manifestations massives ont alors éclaté contre les pénuries d’eau, parfois violemment réprimées. Ce fut un tournant dans la politisation de la question hydrique. Certains slogans établissaient un lien direct entre la pénurie et la gouvernance du régime : « L’eau est notre droit », « Ni Gaza ni le Liban, je me bats pour l’Iran ».

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