La note de l'Inspection générale en réponse aux plaintes des élèves et de leurs parents (cf. lien ci-dessous) comporte six paragraphes qu'il faut reprendre patiemment et posément.

1er § - On veut d'abord nous rassurer : vous ne connaissez pas "les objectifs de cet enseignement"... les évaluateurs n'attendent pas les élèves au tournant, ce serait une "inquiétude infondée"... nous allons vous donner une "information dédramatisée".

En clair : vous n'avez rien compris ! Défense habituelle de ceux qui savent face à ceux qui ne savent pas. Repli tactique et bien français sur des positions administratives inexpugnables. Avalons la couleuvre, concédons et continuons notre lecture.

2e § - Alors qu'ignorons-nous ? Résumons encore : La science doit fournir des clefs pour aborder les débats de société que les jeunes auront à affronter comme citoyen, et les professeurs de sciences doivent (dans la partie de programme, celle des thèmes, laissée au choix de chacun) "apporter outre des éléments de contenus et de méthode..., les bases d'une réflexion plus philosophique."

C'est donc qu'il existe bien une ouverture laissée au professeur de SVT vers un traitement non seulement scientifique des questions liées à la procréation, mais philosophique et c'est tout à fait concevable, car la question est bien philosophique, éthique et anthropologique. Soit, mais quelle "philosophie" ? Car il existe une "philosophie" de la liberté et de la loi démocratique (on verra plus bas au § 4) pour laquelle la vie de l'être humain en gestation peut être mise en balance avec la décision des adultes à son égard... Il existe aussi une anthropologie dualiste de l'homme et de l'amour humain qui sépare le biologique de l'affectif au point de ne pas imaginer d'autre alternative comportementale que la contraception et le préservatif, que l'on va promouvoir comme seule forme sérieuse d'éducation à la maîtrise de la fécondité. Une telle conception de la "philosophie" est davantage celle de l'idéologie que celle de l'amour de la sagesse !

Mais l'important ici est que, de l'aveu même de l'Inspection générale, un sujet sur de tels thèmes réclamait une réflexion emprunte de "philosophie" d'où le choix de l'article du Monde à la philosophie si particulière !

Notons au passage et sans jeu de mots, que les philosophies évoquées ci-dessus et sensées fournir "un certain nombre de clefs pour se repérer dans les enjeux de société à venir" apparaissent davantage comme des verrous qui interdisent l'accès à une maîtrise pleinement humaine de la fécondité. Elles relèvent d'une vision biologico-technicienne et hédoniste de l'amour, alors que la jeunesse réclame une réflexion éthique (il s'agit de mœurs humaines et non animales) et eudémoniste (le but de notre vie est-il le bonheur – eudaimôn - ou un savant calcul utilitariste ?)

Dont acte : il s'agissait bien, au fond, d'une question de nature philosophique et pas seulement scientifique. Dommage, car c'est le premier reproche des parents au choix d'un tel sujet en sciences !

3e § - On y évoque des protestations qui n'ont pas lieu d'être au sujet du rôle contraceptif ou contragestif du stérilet... "les candidats étant libres de citer d'autres moyens contraceptifs". Là aussi c'est une affirmation de l'Inspection générale à retenir : le stérilet n'est pas un contraceptif, ce qui est vrai. Mais alors il faut vite corriger le site (peut-être c'est déjà fait ?) qui propose en ligne des corrections erronées (le stérilet comme autre moyen contraceptif) aux candidats consciencieux.

4e § - On nous dit, je cite : "Le candidat doit seulement repérer dans le document les informations objectives utilisées par l'auteur pour appuyer sa thèse sur les effets positifs de cette légalisation. On attend du candidat qu'il repère et comprenne des arguments, non qu'il les approuve ou désapprouve." Mais justement, car ici il faut parler du fond comme nous l'avons montré ailleurs ("Les sophismes du sujet scandaleux", D'accord, pas d'accord ? Envoyez votre avis à Décryptage

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