Les hypermarchés REAL ouverts le dimanche de Noël : Mgr Virgil Bercea (COMECE), s’indigne.

Mgr Virgil Bercea, évêque gréco-catholique d'Oradea Mare, Gran Varadino des Roumains, a reproché aux hypermarchés REAL, une chaîne allemande implantée en Roumanie, de s’adonner à la cupidité. REAL- SB-Warenhaus GmbH est une chaîne de supermarchés et d’hypermarchés allemands, filiale du groupe Metro AG, qui compte 349 magasins en Allemagne, 50 en Pologne, 4 en Roumanie et 11 en Turquie.

Selon le quotidien Adevarul [1] l’évêque est monté au créneau au nom des évêques roumains et européens, et a demandé à REAL de ne pas ouvrir ses magasins les dimanches 25 décembre 2011 et 1er janvier 2012. L'annonce que les hypermarchés REAL en Roumanie pourraient être ouverts ces deux dimanches-là a indigné les représentants de l'Église gréco-catholique en Roumanie, d’autant que REAL est le seul détaillant en Roumanie à le faire. Par le biais d’une lettre ouverte, l’évêque par ailleurs membre de la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), accuse REAL de « vouloir profiter d'un avantage déloyal sur ses concurrents. » La COMECE basée à Bruxelles soutient, rappelons-le, l’Alliance européenne pour le dimanche.

Après avoir rappelé les bénéfices sociaux de ces jours chômés, et s’exprimant à l’intérieur des compétences de l’Union européenne, Mgr Virgil Bercea a dit, en outre, sa consternation devant la pression exercée sur les travailleurs pour les inciter à travailler « volontairement » ces jours traditionnellement chômés.

Uni global Europa (Union européenne de 900 syndicats)

Uni Global Europa a, de son côté, mis en ligne le 20 décembre dernier un communiqué faisant état de négociations qui auraient abouti en faveur des travailleurs. Le conditionnel est de mise car l’avancée est loin d’être satisfaisante. Les magasins fermeront finalement le dimanche 1er janvier, mais pas à Noël.

Sans doute gênée par l’ampleur de la grogne qui prend un tour international, Adriana Pita, directeur de la communication de REAL Roumanie, a émis un communiqué de presse pour dire que les magasins ne seront ouverts qu’un seul jour sur les deux prévus, le jour de Noël, et qu'un pourcentage des ventes totales de cette journée sera reversé à des œuvres caritatives. Adriana Pita a également souligné que les employés travailleront s’ils sont volontaires et qu’ils recevront une compensation, deux cents pour cent de plus qu’une journée normale de travail.

L’Alliance européenne pour le dimanche (ESA)

L’Alliance européenne pour le dimanche s’est quant à elle mobilisée : Liberté politique qui en est membre comme le Collectif des Amis du Dimanche ont  mis rapidement en ligne l’information sur leur site respectif.

Comme pour couronner le tout, voici que l’Italie annonce, dans le même temps, une complète dérégulation des heures d’ouverture des magasins et fait craindre plus que jamais des heures de travail indécentes pour reprendre le terme officiel de l’organisation internationale du Travail (OIT). Le pire est donc en marche. L’Alliance allemande pour le dimanche, membre de l’ESA, a d’ores et déjà écrit à FILCAMS CGIL (Fédération italienne des travailleurs du commerce du tourisme) son soutien entier dans  la bataille à venir.

Turbulences inquiétantes en Europe. Liberté politique ne voit pas d’un bon œil le mince compromis obtenu en Roumanie : lequel des deux jours, du 25 décembre ou du 1er janvier, était le plus fort symboliquement ? C’était bien sûr le 25 décembre. Or c’est ce jour emblématique qui est passé à la trappe cette année, pour ne garder que celui qui ne portait aucune trace religieuse.  Du passé, faisons table rase. La devise communiste serait-elle toujours de mise en Roumanie ? La liberté religieuse, une des compétences de l’Union européenne, n’est-elle pas également mise à mal quand le dimanche de Noël n’est pas accordé à tous ?

Cette affaire roumaine n’est pas qu’une « affaire strictement intérieure » à la Roumanie. Elle a valeur d’avertissement. Si nous ne nous mobilisons pas, rapidement la question se posera en France. Commençons par adopter comme règle de conduite de ne pas faire de courses le dimanche.

 

 

[1] Adevarul est un quotidien généraliste dont le siège se trouve à Bucarest. « Né sur les décombres de Scînteia, le quotidien du PC roumain, "La Vérité" fait preuve d'indépendance et d'équilibre politique et journalistique, tout en se montrant critique envers le gouvernement actuel. Il se proclame le plus important quotidien roumain. Il a choisi comme devise "Personne n'est au-dessus des lois" en affichant son engagement pour la justice sociale. Il bénéficie, depuis 10 ans, de quelques grandes signatures de la presse au sein de sa rédaction. » (Courrier International)