Près de neuf Français sur dix seraient favorables au principe de l'euthanasie, tandis que 80 % d'entre eux jugeraient "nécessaire" ou "plutôt utile" une nouvelle loi, selon un sondage BVA paru vendredi 24 octobre dans Profession politique et Métro.

Seuls 11% considèreraient que "la vie est quelque chose de sacré" et que "la médecine a le devoir de maintenir le malade en vie".

Comment interpréter ce sondage ? Avec prudence car les questions ne comportent pas le mot euthanasie et surtout car elles amalgament à tort la notion du " caractère sacré de la vie " avec un " devoir de maintenir le malade en vie " à tout prix. Comme si l'acharnement thérapeutique - et la douleur - étaient l'alternative obligée à l'euthanasie. C'est toute la confusion du débat actuel : l'opinion est trompée par une peur entretenue et une méconnaissance de ce que nous sommes capable de faire pour aider les patients aujourd'hui à l'approche de leur mort.

Car si on considère que la vie humaine a quelque chose de sacré, on doit refuser à la fois l'acharnement thérapeutique et l'euthanasie. Le premier devoir d'un médecin face à " une maladie douloureuse et irréversible ", c'est de lutter contre la douleur et d'accompagner chaque moment qui reste à vivre. Ceux qui accompagnent les personnes en fin de vie savent d'ailleurs à quel point la mort naturelle survient plus souvent qu'on ne le croit lorsque le patient l'accueille.

Le sondage se focalise sur les catholiques qui sont plus réticents à l'euthanasie que le reste de la population : c'est sans doute qu'ils sont davantage conscients de la gravité de la transgression que constitue le fait d'administrer délibérément la mort. Car l'Église catholique n'a cessé de montrer que l'euthanasie était à la fois la conséquence d'une pitié mal comprise et la porte ouverte à de terribles dérives totalitaires.

L'urgence éthique est de réfléchir collectivement à la manière de concilier les extraordinaires progrès techniques de la médecine, y compris dans les soins anti-douleur, avec les progrès non moins considérables de l'accompagnement des personnes en fin de vie, répondant ainsi aux peurs que provoque naturellement l'idée de soins disproportionnés et inhumains.

Xavier Mirabel est médecin cancérologue, président de l'Alliance pour les droits de la vie.

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