Navalny : l’envers du décor

A analyser les faits et les dits d’Alexeï Navalny, il est légitime de penser que cette figure d’opposant valeureux est surtout une construction médiatique. A-t-on vraiment besoin de ces demi-vérités et de ces héros frelatés pour critiquer le maître du Kremlin ?

Encensé par les médias européens, qui l’ont propulsé au rang d’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny a fini par s’attirer les foudres du président Vladimir Poutine. Arrêté à diverses reprises pour avoir dénoncé la corruption dans son pays, cet avocat natif de l’Oblast de Moscou, exfiltré le 22 août dernier de la Russie vers l’Allemagne, est aujourd’hui entre la vie et la mort. Ses proches affirment qu’il aurait été la victime d’une tentative d’empoisonnement. Mais derrière la personnalité ambitieuse de ce politicien se cache un visage plus polémique et controversé que la presse internationale se garde bien de détailler.

Alexeï Anatolievitch Navalny a 44 ans. Il est né dans la banlieue de Moscou au sein de la petite bourgeoisie russe. Après des études en économie et en droit, il devient en 2009 conseiller du gouverneur de l’Oblast de Kirov, situé dans le district fédéral de la Volga. Rien ne prédestinait cet homme, qui a connu le régime soviétique, à devenir un opposant au président Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 1999. Pourtant, très rapidement, il se met à dénoncer de graves cas de corruption au sein d’entreprises russes, proches du gouvernement. Lorsqu’en février 2011 il accuse Russie Unie, le parti de Poutine, d’être un « mouvement de voleurs et d’escrocs », il est immédiatement sacré opposant numéro un au Kremlin par l’Union européenne. Sans être passé par la case des urnes. La presse internationale lui consacre ses principaux titres, le désigne personnalité de l’année et semble avoir oublié l’existence même du Parti communiste qui reste pourtant le principal parti d’opposition à l’ancien officier du KGB. L’homme est boycotté par la télévision d’État ? Suffisant pour certains journalistes qui affirment sans ambages qu’il est devenu « une menace réelle » pour Poutine.

Mais ses tentatives d’incursions sur le plan électoral sont des désastres. Lorsqu’il est interrogé, Navalny se contente de dénoncer des fraudes, malgré des rapports d’ONG indépendantes qui confirment la régularité des scrutins auxquels il a participé. Il est vrai aussi que les sondages qui sont réalisés quotidiennement dans le pays ne montrent aucun engouement pour l’opposant européaniste malgré le nombre de reportages favorables qui lui sont consacrés, notamment par la télévision française. Ainsi, en octobre 2017, la France fait ses titres sur le « succès sans précédents des manifestations monstres » qu’il a conduites. L’opposition russe parlera, quant à elle, d’échec, avec à peine un millier de manifestants à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. Pas de quoi faire trembler, en effet, celui qui loge dans l’ancien palais des Tsars.

En octobre 2011, un blogueur se cachant derrière le pseudonyme de « Whistleblower » (lanceur d’alerte, en anglais) met en ligne un document d’un millier de pages incriminant Alexeï Navalny dans des affaires de corruption et le présentant comme un ultra-nationaliste, potentiellement manipulé par les Américains. Si le document est rapidement exploité par la presse russe et tout aussi rapidement passé sous silence par les autres médias, qu’en est-il réellement de ces accusations ? Membre du parti libéral Iabloko (« La Pomme », en russe), Navalny a été rapidement exclu de cette formation en 2007 après avoir participé à une manifestation rassemblant des ultra-nationalistes, néo-nazis et monarchistes russes. Le tort de Navalny ? Avoir scandé des slogans xénophobes. D’ailleurs l’homme ne s’en cache pas. « Arrêtons de nourrir le Caucase » déclare-t-il quatre ans plus tard lors d’un autre rassemblement où il accuse publiquement les habitants des anciens États de l’Union soviétique de résider en Russie afin de piller les caisses de l’État et d’être des pourvoyeurs de drogues. Dans une vidéo, que l’on peut consulter sur le réseau social YouTube, il explique en 2018, pistolet à la main, comment faire pour se débarrasser « des cafards, des mouches et des Tchétchènes ». Il confesse même sur son blog ses affinités avec le Front National de Marine Le Pen afin de justifier l’existence et la montée du nationalisme russe, balayant du revers de la main ses propres oppositions. Et tant pis pour ceux qui croiraient qu’il a de l’empathie pour l’Ukraine : « même si j’en avais le pouvoir, je ne rendrai pas la Crimée à ces gens » n’hésite pas à déclarer l’autoproclamé chevalier blanc de Russie, qui souhaite également l’annexion de la Biélorussie voisine. Loin d’être aussi démocrate que l’ancien président Obama, qu’il cite volontiers comme modèle, Alexeï Navalny semble répondre à tous les critères du politique fascisant.

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