Dorénavant, le « New York Times » écrira « Black » avec une majuscule

Source [Causeur] Nous vivons à une époque où de nombreuses personnes s’empressent d’exprimer leur solidarité avec les minorités opprimées en mettant un genou par terre. Peut-on reproduire le même geste sur le plan purement typographique ? Le très célèbre New York Times a décidé que oui, en annonçant le 30 juin que désormais l’adjectif « Noir » ou « Black » arborera une lettre majuscule quand il désignera des peuples ou des cultures d’origine africaine. Et cela, afin de faire preuve de respect envers toutes les communautés parmi leurs lecteurs. 

Cette décision serait en phase avec une autre, prise auparavant, consistant à donner une majuscule à « Native » et à « Indigenous » pour les membres des Premières Nations d’Amérique. C’est d’autant plus cohérent que d’autres termes, comme « Asian-American » (« Asio-Américain ») ou « Latino », portent des majuscules depuis toujours. Très cohérent, n’est-ce pas ? Sauf que « blanc », « white », gardera une minuscule. Pourquoi ? Parce que, pour le journal, ce terme aurait beaucoup moins tendance à évoquer « une culture et une histoire partagées ». Il s’ensuit donc, selon cette logique curieuse, que les Blancs ne constituent pas une communauté. Le Times se justifie en ajoutant que « White » avec majuscule est un usage qu’affectionnent les groupuscules de suprématistes blancs. Mais depuis quand ces groupuscules-là parlent-ils au nom de la communauté – ou de la non-communauté – des Blancs ?

En réalité, la décision du New York Times n’est pas isolée. Beaucoup d’autres publications l’ont précédé ces derniers temps, le Chicago Sun-Times allant jusqu’à donner aussi une majuscule à « Brown » pour désigner toutes les autres personnes de couleur, quoique celles-ci ne partagent certainement pas une histoire et une culture communes. Le débat sur la signification de tous ces termes, avec ou sans majuscules, n’est pas tranché chez les activistes noirs. Le grand militant pour les droits civiques, Jesse Jackson, refuse le terme de « Black », préférant « Afro-Américain », car selon lui il est essentiel de mettre en avant l’héritage plutôt que la couleur. D’autres activistes noirs trouvent que l’étiquette monolithique de « Black » gomme la diversité des expériences des différents peuples d’origine africaine. D’autres encore pensent que priver « white » de sa majuscule, c’est renforcer l’impression que les Blancs ne sont pas racialisés, qu’ils constituent la norme par rapport à laquelle les Noirs constituent l’autre.

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