Comprendre la tentative terroriste d’un ancien militaire radicalisé

Source [theconversation.com] Un militaire de 19 ans aurait tenté d'agresser au couteau le personnel de la gendarmerie de Dieuze en Moselle. Si ses motivations ne sont pas encore connues, le parquet de Metz n’exclut pas un acte terroriste.  

En France, on compterait une trentaine de militaires radicalisés.

Ainsi, ce 5 février 2020 c'est un autre militaire qui sera jugé à Paris, un ancien caporal-chef du régiment d’artillerie de la Valbonne (Ain) pour « entreprise individuelle terroriste ».

Alain Feuillerat, 34 ans au moment des faits, avait été arrêté le 5 mai 2017 au petit matin « en tenue de combat » près de la base militaire d’Evreux où il avait tenté de s’introduire.

Quelques jours plus tard, l’AFP et le journal belge L’Avenir recevaient un courrier contenant une revendication d’attentat « Je m’appel [sic] Alain Feuillerat, soldat musulman défendant ma patrie : l’État islamique. C’est moi qui est [sic] préparé avec l’aide d’Allah l’attaque contre la base militaire aérienne (BA 105) d’Évreux Fauville ». Un message auquel était adjoint un texte de 116 pages, « le Livre d’Alain Feuillerat », « l’œuvre d’un homme à qui Allah a manifesté sa voix ».

Le document – dont j’ai pris connaissance grâce à Alain Wolwertz, journaliste de L’Avenir – est un extraordinaire témoignage de la manière dont des processus psychiques (pathologiques) peuvent conduire un individu à s’engager dans une idéologie extrémiste et à préparer une action violente. Il montre l’intrication entre radicalisation et psychopathologie.

Lorsqu’Alain Feuillerat se convertit à l’islam en 2014, il est convaincu par l’idée de djihad, comme la présentent les sites islamistes qu’il se met à consulter de manière compulsive. À cette époque, il tente de convertir ses proches. En 2015, il se réjouit de l’attentat contre Charlie et écrit beaucoup sur Internet :

« J’ai déclaré mon attachement à mes frère [sic] de l’État islamique en Syrie, j’ai condamné le pape à une décapitation fictive, et j’ai dis [sic] que Dieu m’a parlé, si les gens me croient pas qu’importe, pour moi, le message est passé. »

S’en suivront des poursuites pour apologie du terrorisme et deux perquisitions.

« Je n’était [sic] pas très discret » dit celui qui craint surtout d’avoir mécontenté Dieu. S’il ferme son compte Facebook, il n’a aucune intention de renoncer et se dit « fier » de sa fiche S. En vérité, il n’a pas de fiche S, mais une inscription au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT)et un suivi discret.

Courant 2016, Feuillerat, dont les velléités de départ en Syrie n’ont pu aboutir, envisage finalement une action sur le sol français. En deux ans, il s’est de plus en plus isolé : « À la mosquée je ne prie plus en groupe mais seul avec Dieu ». Et puis il restera chez lui où « il y a deux salles, une pour la prière – [sa mosquée « agréée par Allah »] – Et une pour l’atelier de préparation ». La préparation d’un attentat.

Conversion, consultation de contenus extrémistes en ligne, apologie du terrorisme, retrait des relations sociales, tentative de départ en Syrie, échec, préparation d’attentat. Les étapes très communes d’un parcours de terroriste acteur solitaire. Mais cette radicalisation apparemment si « banale » s’est entièrement bâtie à partir du développement d’une paranoïa.

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