Depuis des mois, la PMA est clairement actée, définitivement actée. Nous le savons. Ne faisons pas semblant de ne pas le savoir.  Le compte à rebours a commencé. 

La PMA pour toutes a été votée mercredi soir par la commission spéciale de l'Assemblée nationale, ouvrant la voie à son examen en séance plénière, le 24 septembre. Ne soyons donc sans aucune illusion : la PMA est comme votée. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ce futur vote scandaleux tombera comme un fruit mûr après une série bien orchestrée de discussions fantoches. Parodie de débat démocratique, avec des débats publics biaisés et des enquêtes d’opinion que personne n’a voulu prendre en compte. Parodie de débat politique, avec l’ostracisation des personnalités osant, comme Agnès Thill, faire entendre leur opposition au projet. Parodie de débat parlementaire, avec des auditions grotesques de prétendus experts triés sur le volet pour répéter la vulgate LGBT. Parodie de débat médiatique enfin, laissant la parole à des journalistes prétendument neutres, mais passés maîtres dans l’art de faire pleurer dans les chaumières, comme Marc-Olivier Fogiel posant à la une de Paris Match avec ses filles produites par GPA à l’étranger pour une poignée de dollars. Il n’est pas difficile de lire derrière tout cela la manœuvre patiente et déterminée de loges maçonniques : elles sont d’ailleurs les premières à revendiquer et assumer leur rôle décisif. Cinq d’entre elles ont tout simplement été reçues à l’Assemblée pendant les « débats », contre trois représentants des cultes. Cherchez l’erreur.

La loi sera votée, la loi est déjà votée. Dans ces conditions, y a-t-il encore un sens à manifester le 6 octobre prochain ? Il n’est pas question cette fois, à la différence des manifestations de 2013 et 2014, d’intervenir dans un processus législatif, puisque l’issue en est déjà connue. Les dés sont pipés, nous le savons tous. Où est l’opposition politique au projet, construite et courageuse ? Entend-on la Conférence des Evêques de France se dresser en une parole unifiée et déterminée, pour appeler à la mobilisation ? Et d’ailleurs, va-t-elle organiser un sitting pour elle-même devant l’Assemblée nationale ? A défaut, va-t-elle appeler à un sitting général le 6 octobre ? Les présidents des formations de droite, quant à eux, coupent les cheveux en quatre pour savoir si oui ou non il faut s’engager contre la PMA ou si l’on risque d’apparaître comme de vilains fascistes. Marine Le Pen n’a pas de ces coquetteries, et témoigne depuis des mois de son opposition à la loi. De même, la société civile est plus affirmée : à tout prendre, José Bové est plus constant et plus fiable sur le sujet que nombre de députés dits « de droite »…

Pourtant, oui, il y a un sens à manifester le 6 octobre prochain, pour faire mentir l’apathie générale, l’esprit de démission, le fatalisme et la résignation qui firent des ravages, en 1974, quand fut introduit dans notre législation le droit à l’avortement. C’était « dans l’air du temps », disait-on, et on a laissé faire. Cela dit, tout dépend des modalités de la manifestation. Elle n’a de sens qu’avec une digne rage au cœur, et le refus de la soumission. Sommes-nous prêts à conquérir le pavé ? A bloquer Paris, par centaines de milliers, jusqu’au bout, et non à rentrer sagement à la maison quand à 17h sonnera l’heure du thé et des petits gâteaux ? Rappelons-nous les coups, les interpellations, les gaz, le cortège des injustices qui nous accompagnèrent au moment des manifestations contre la loi Taubira. Nos ennemis ne nous font pas de quartier, à nous d’en faire autant, pour que nous ne soyons pas à nouveau la risée de nos adversaires, se gaussant du fait que les gentils sont contents, ils ont hurlé leurs slogans, ils sont repartis bien sagement, et laissent la déconstruction continuer sereinement.

François de Lochner

Président de Liberté politique et de France Audace

Constance Prazel

Déléguée générale de Liberté politique