Bac 2019 : la dissertation, exercice redouté mais formateur

Source [La Croix] Le baccalauréat commence ce lundi 17 juin. De nombreux candidats se confronteront à l’exercice très français, de la dissertation. Parfois jugée élitiste, cette épreuve mobilise à la fois les capacités de réflexion, d’argumentation, d’écriture et de mise en perspective des connaissances.

Ce matin, à l’heure où vous avalez votre café en ouvrant le journal, ayez une pensée pour ces centaines de milliers de candidats qui s’élancent dans le marathon du bac. Envoyez-leur de bonnes ondes, ils en auront besoin. D’autant plus que cette première journée s’ouvre sur l’épreuve tant redoutée de philosophie. Une épreuve dans tous les sens du terme, notamment pour ceux qui choisissent de se frotter à l’exercice philosophique par excellence : la dissertation.

« Le désir est-il la marque de notre imperfection ? », « Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ? », « Toute vérité est-elle définitive ? »… Un coup d’œil aux sujets donnés l’an dernier suffit à éveiller notre curiosité intellectuelle. à nous rappeler aussi la mesure du défi, les sueurs froides ressenties jadis, dans le seul à seul avec la copie.

« Au lycée, la dissertation me faisait souffrir le martyre, se souvient Valérie Dufayet, professeure de philosophie dans un prestigieux lycée jésuite, à Marseille. Cela a continué à la fac, et c’est encore le cas certains jours. La dissertation, c’est un exercice d’humilité, une rare occasion de remettre en cause nos points de vue, nos préjugés. »

Une épreuve telle que beaucoup de candidats évitent soigneusement la dissertation le jour de l’examen. Avant même de découvrir les sujets, Eulalie sait déjà qu’elle choisira le commentaire de texte, « mieux balisé », ou bien, « si l’extrait est trop compliqué », l’écriture d’invention. « Avec la dissertation, ce serait perdu d’avance. J’ai beau avoir de bonnes connaissances, je n’arrive pas à les restituer suivant la méthodologie exigée… »

Héritière de la discussion philosophique chère aux penseurs grecs, la dissertation est née sous le Second Empire. « C’est une invention d’un professeur de philo qui, peu à peu, se propage dans les lycées parisiens avant d’être généralisée par l’inspection générale au début de la IIIe République, retrace l’historien Claude Lelièvre. Très vite, elle s’étend au-delà des frontières de la philosophie pour s’imposer également en français, où elle vient détrôner un autre exercice, le discours, et où elle permet de mettre l’accent, dans une logique nationaliste, sur l’histoire de la littérature française. »

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