Comment Macron excite le ressentiment des Français vis-à vis des Allemands

Macron voudrait raviver le ressentiment des Français vis à vis des Allemands qu’il ne  s’y prendrait pas autrement.

Au  centième anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918,  frustrer les Français du souvenir de ce qui fut une de leurs  plus  grandes victoires, cela, dit-on, pour ne pas vexer Angela Merkel, ne peut que susciter une vive déception, spécialement dans les armées écartées de manière vexatoire de la célébration. C’est en même temps une injure fait à nos ancêtres  qui se sont si bien battus dans les tranchées.

Rappelons que l’année 1918 fut celle d’une authentique victoire française. Contrairement à ce que l’on nous dit trop souvent,  l’apport américain, important  pour le moral,  vint trop tard pour influencer militairement l’issue des combats. Les Anglais qui avaient fait d’immenses sacrifices dans les années antérieures étaient épuisés. Il y avait d’un côté toute l’armée française et de l’autre toute l’armée allemande, les divisions du front russe ayant  été rapatriées sur le front ouest. Rien d’autre ou presque. Une épreuve historique unique, comme dans un champ clos. Et nous avons gagné. Grâce aux chars, grâce au courage de nos soldats, grâce à l’admirable coordination de nos grands chefs : Foch, Pétain,  Mangin , Fayolle, Castelnau et tant d’autres. 

Ce rappel était d’autant plus nécessaire que jamais comme aujourd’hui, les Français n’ont eu autant de complexes vis à vis des Allemands. Le souvenir de la défaite de 1940 est dans cesse ressassée alors que celui de la victoire de juillet  1918  (le mois décisif) est occulté.

Ces complexes sont entretenus par une oligarchie qui cultive plus que jamais le mépris de  son peuple, lui trouvant un alibi  dans la supposée bonne gouvernance des Allemands -  surestimée généralement.

Ils trouvent une de ses causes  dans l’euro, lui-même produit de ce complexe, lequel, tel qu’il a été géré par les uns et par les autres,   pèse comme un lourd handicap sur  notre économie, nous empêchant de faire jeu égal avec notre voisin.

Nous sommes là  très loin de l’amitié franco-allemande telle qu’elle avait été instaurée par le général de Gaulle  et Adenauer et qui ne pouvait se concevoir que  sur  une  base  égalitaire.  

 

Le suivisme et l’assujettissement  de la France  que pratique Macron  est aux antipodes. Rien ne sert de dénoncer Pétain, au point de refuser d’évoquer  son rôle dans la première guerre mondiale,  si c’est  pour se mettre à la remorque de Berlin  avec une servilité comparable à  celle du régime de Vichy.   Au moins nul ne doute que le vieux maréchal, dont beaucoup pensent  qu’il s’égara sur une voie sans issue,  aimait la France. On en est moins certain avec l’actuel chef de l’Etat.  

 

En tout temps et en tous lieux, la paix c’est l’équilibre.  Il ne saurait y avoir de vrai partenariat franco-allemand sur  une autre base.  Notre supériorité miliaire a longtemps équilibré  la supériorité économique allemande. Cet équilibre est depuis longtemps rompu. Macron avait, en ce 11 novembre 1918, l’occasion , au moins de manière symbolique, de le rétablir. Le rappel de ce qui s’est vraiment  passé en 1918 aurait   pu contribuer   à exorciser nos complexes. Le président n’ a trouvé au contraire là  qu’une nouvelle occasion de les humilier.

 

Quoique les Allemands  n’y soient probablement pour rien, c’est à eux que les Français  en voudront. Le projet caressé à l’Elysée de partager avec l’Allemagne la force de dissuasion française, laquelle, bien plus que le traité de Rome est le vrai garant de la paix en Europe, ne peut que les exaspérer un peu plus. Loin de rapprocher Français et Allemands, le président n’aura fait qu’aigrir leurs rapports  !

 

Roland HUREAUX