Hausse du budget militaire américain : quelques éléments contextuels

Le budget militaire américain s'apprêt à connaître une hausse historique pour l'année 2018. Quelques éléments pour comprendre cette évolution.

Avec un slogan présidentiel tel que celui de "Make America great again", il n'est guère surprenant de voir le Président Trump faire le choix d'une augmentation sensible du budget de l'armée, une armée qui aurait perdu de son lustre sous les présidences de Barack Obama, même si durant sa campagne, son argumentaire avait tendance à favoriser les dépenses intérieures d'infrastructures, pour répondre à la politique extérieure de son prédécesseur jugé trop interventionniste.

Les Etats-Unis, et il n'a pas fallu attendre Trump pour cela, ont toujours accordé une part importante de leur budget à la défense. En effet, après la sécurité sociale et l'aide médicale, le budget de la défense est le troisième plus important ministère aux Etats-Unis. Depuis 2007, les Etats-Unis d'Amérique n'ont jamais investi moins de 600 milliards annuellement dans ce budget. La tendance semble être en continuation avec cette politique. 

Dans un premier temps, les chiffres officiels proposés par le gouvernement au Congrès s'élevaient à 639 milliards pour 2018 (U.S DEPARTEMENT OF DEFENSE, DoD Releases Fiscal Year 2018 Budget Proposal, 23 mai 2017), ce qui constituait une hausse de 9 % par rapport au budget de 2017 : une hausse significative, mais pas la plus importante de la décennie, puisqu'il faut remonter pour cela à George Bush en 2006-2007, qui avait augmenté le budget militaire de 10,8 %.

C'est le Congrès qui a finalement revu le budget à la hausse, en le portant à 700 milliards, au-delà même des exigences de la Maison Blanche, soit 15 % de plus que le budget de Barack Obama lors de sa dernière année de présidence. Pour financer cette hausse, les budgets seront notamment pris dans des coupes faites au Ministère des Affaires étrangères et à l'Agence de protection de l'environnement. 

Une telle augmentation, pour quoi faire ? La compétition entre grandes puissances est évidemment à l'ordre du jour. En temps de paix, c'est principalement pour faire pièce à la Chine que les Etats-Unis choisissent d'appuyer sur la pédale d'accélérateur :

"La Chine poursuit ses investissements militaires de manière constante depuis les 10 dernières années et est désormais la deuxième puissance militaire au monde avec un budget annuel de 150 milliards. Selon Barthélémy Courmont, politologue français et directeur de recherche à l'IRIS : « Ces hausses sont motivées par la nécessité (d'avoir une armée) conforme à l'affirmation de puissance de la Chine, une superpuissance économique en plein essor, et un acteur politique et géopolitique qui voit son rôle se conforter sur la scène internationale.
Malgré tout, le budget de défense américain reste nettement plus important en ce qui a trait aux sommes dépensées. En effet, ses coûts surpassent l'ensemble des 9 autres pays disposant des plus gros budgets militaires combinés.", selon les analyses de Jeff Boulais, de l'Université de Sherbrooke, au Québec.

Une augmentation qui, malgré les soupçons de collusion Poutine-Trump volontiers relayés dans la presse occidentale, n'est pas du goût du gouvernement russe, comme en témoigne cette analyse du journal russe Gazeta.

Pour 2019, le budget pourrait s'élever cette fois jusqu'à 716 milliards, couvrant le budget annuel du Pentagone ainsi que les dépenses pour les conflits en cours et l'entretien de l'arsenal nucléaire américain. Ce budget pourrait couvrir la recherche de nouvelles armes nucléaires, que les Etats-Unis souhaiteraient mettre au point y compris comme riposte à de très grosses attaques conventionnelles, tandis que la Russie et la Chine modernisent leurs arsenaux nucléaires, et que la Corée du Nord multiplie les provocations.