[Source : Info Catho]

Sordide. Un site Internet australien, Baby Bee, propose à des femmes d’exécuter des bijoux à partir de leur lait maternel, de placenta, de cellules souches de sang de cordons, ou de cendres des personnes aimées, mais aussi à partir d’embryons humains surnuméraires issus de fécondations in vitro (FIV). Un nouveau business qui exploite sans scrupules les ambiguïtés entretenues concernant le statut de personne de l’embryon humain.

A l’issue d’un parcours de PMA, les personnes ayant pu mettre au monde un ou plusieurs enfants, doivent décider d’un sort pour leurs embryons surnuméraires conservés dans des cuves d’azote (cf. Le mauvais sort des embryons surnuméraires). C’est une question qui hante certains parents quand, une fois leur projet parental réalisé, des embryons créés sont encore « disponibles » à l’implantation en vue d’une grossesse. Une femme expliquait que « ces embryons étaient ses enfants. Congelés ». Mais ces parents n’ont pas toujours les moyens, ou l’envie, de les faire adopter, de les donner à la recherche, ni ceux d’assumer dans le temps leurs « coûts de stockage » élevés.

 

Une ancienne sage-femme, Amy McGlade, a trouvé une « solution » : elle propose d’en faire des bijoux[1].

 

Les familles envoient des paillettes d’embryons congelés que l’entreprise « préserve » : en fait, elle les détruits puisqu’elle les brûle : elle les réduit en poussière. Ce qu’elle appelle « un type de ‘cendre d’embryon’ ». Mais le détour sémantique a son importance puisque les parents qui ne souhaitent plus avoir d’enfants considèrent leurs embryons surnuméraires comme des membres à part entière de leur famille et comme tels, ils souhaitent leur laisser une place. Une jeune femme explique que, « dans son cœur », elle « ne voulait pas les détruire » : alors, paradoxalement, elle s’est attaché autour du cou un cœur pour contenir ses embryons détruits.

 

Sur un plan technique, Amy McGlade revendique pour sa société une expertise de la « préservation » de l’ADN qui lui permet de transformer les « poussières d’embryons » en bijoux en résine. Les embryons se portent ensuite en pendentif sur le cœur, en bague au doigt, en bracelet autour du poignet… L’embryon surnuméraire est réduit à un souvenir qu’on porte autour du cou, une chaine bien plus lourde qu’aucun bijou ne pourrait l’être.

 

Une démarche qui montre la confusion malsaine dont sont entourés les tout-débuts de la vie humaine. L’embryon est réduit à un amas de cellules, alors que c’est déjà un petit homme. Dans une visée toujours plus utilitariste, Amy McGlade créé un marché. Du doute de ces couples, elle tire un profit.

Serons-nous encore longtemps choqués ?

 

[1] Couples are turning extra IVF embryos into jewellery

 

Pierre Selas