La candidature Macron a un goût de mort

Quand Hillary Clinton a appris que Trump, son ennemi juré, avait bombardé l’aéroport de Shayrat (Syrie), elle a applaudi des deux mains. On l’avait vue aussi, dans une vidéo, sauter de joie d’un air carnassier en apprenant la mort de Kadhafi.

Ce ne sont pas que des symboles. Hillary Clinton est la figure emblématique du clan néo-conservateur aux États-Unis (à cheval sur les démocrates et les républicains) qui a déjà mis à feu et à sang sept pays (4 millions de morts au total, selon Michel Onfray).

Macron n’a pas l’air aussi agressif que Hillary mais il est le représentant de ce clan dans la bataille électorale française. Il partage d’ailleurs avec Hillary Clinton toutes les options libertaires de ce que Jean-Paul II appelait la « culture de mort ».

Les néo-conservateurs libéraux libertaires

Les néo-conservateurs veulent faire régner la démocratie et les droits de l’homme dans le monde, en particulier au Proche-Orient, au besoin par des bombardements massifs de populations civiles (comme en Libye) et un soutien actif aux islamistes. Mais ils sont aussi libre-échangistes en économie, libertaires dans les questions de société, partisans d’immigration aux États-Unis et surtout en Europe (Obama a, comme Macron, félicité Merkel pour sa politique d’accueil), partisans de l’euro et de l’Europe de Bruxelles (là aussi Obama a pris parti contre le Brexit). Mais ils sont surtout violemment hostiles à Poutine et tout ce que représente la Russie d’aujourd’hui, notamment son opposition aux surenchères libertaires.  

Cette mouvance mondialiste, dont les ramifications traversent l’Atlantique et qui est soutenue par les grandes banques (Goldman Sachs en tête) est souvent réduite à sa dimension économique : il s’en faut pourtant de beaucoup qu’elle se contente de défendre les intérêts purement économiques du capitalisme : démantèlement des systèmes sociaux, liberté des échanges, réduction de l’État, privilèges du capital.  Comme disait un de  ses représentants les plus éminents, le milliardaire Warren Buffet, par ailleurs financeur des campagnes  pro-avortement : « Je crois à la lutte des classes, mais maintenant, c’est nous le parti des riches qui la gagnons ». Si le néo-conservatisme libéral se réduisait aux questions économiques, ce serait après tout un moindre mal. Mais certains de ses membres ont d’autres préoccupations : ils ne préparent rien moins que la guerre contre la Russie de Poutine. George Soros, autre milliardaire philanthrope, s’est juré de l’abattre. Comment ? On se le demande sinon en risquant un affrontement nucléaire. Ils n’acceptent pas non plus que leurs plans de destruction de l’Etat syrien aient été mis en échec par Poutine  et veulent y intensifier la guerre.

Pour exécuter ce projet, il leur faut une Europe parfaitement unie derrière l’OTAN : pas une tête ne doit dépasser. Il leur faut un alignement total de tous les pays, et d’abord celui qui a si souvent joué les fortes têtes, la France. C’est la raison pour laquelle ce clan a tout fait pour y imposer un président à sa botte : Emmanuel Macron, entièrement acquis à toutes ses idées, jusqu’à la caricature.

Fillon ne suffisait pas

Il ne serait agi que d’un projet économique, Fillon aurait fait l’affaire : le candidat des Républicains ne remettait en cause aucune des orientations économiques voulues par les réseaux mondialistes : comment l’aurait-il fait puisque son bras droit, Henri de Castries préside le club de Bilderberg, un des lieux emblématiques de cette mouvance ? Il ne contestait ni le libre-échange, ni l’euro et proposait même un programme de réduction du pouvoir d’achat  populaire qui avait tout pour leur plaire. Mais ça ne suffisait pas : l’élection de Fillon aurait rapproché la France de la Russie et donc rompu le front euro-atlantique dont ils rêvent.

Il se peut même que cette obstination à éliminer Fillon et à imposer Macron soit lié à ce projet de guerre.

Un projet qui a un adversaire : Donald Trump dont l’élection a été pour ce clan un sérieux revers et qui avait fait campagne en promettant de mettre un terme aux opérations de renversement de régime (régime change) au Proche-Orient et de chercher un terrain d’entente avec la Russie. Mais Trump fait face à d’énormes difficultés pour imposer ses vues à un État américain acquis dans sa majorité aux thèses des bellicistes. Le bombardent évoqué plus haut était sans doute un gage qu’il a dû donner à ses opposants[1].

Dans ce contexte, la France est rien de moins qu’un champ de bataille pour des forces qui la dépassent. L’élection de Macron serait une victoire du clan Clinton (Obama lui a téléphoné son soutien) et une défaite pour le camp de la paix, qui ne se réduit pas à l’entourage de Trump. Elle pourrait accélérer la mise à l’écart de ce dernier que les néo-conservateurs attendent pour reprendre leur œuvre de mort.

Les chrétiens d’Orient ont par là même tout à craindre d’une victoire de Macron. Sa visite au Liban a montré qu’il était totalement aligné sur la politique menée par l’OTAN depuis six ans dans la région, une politique qui a consisté  à fournir des armes et entraîner les djihadistes  contre le régime Assad mais aussi contre la minorité chrétienne (et d’autres minorités) que, avec ces armes, les djihadistes massacrent. L’élection de Trump leur avait amené un petit espoir de paix. Celle de Macron la ferait envoler.

L’enjeu de la nouvelle bataille de France, c’est donc la paix du monde. Clairement Macron est du côté de tous ceux qui complotent contre elle. Il serait au minimum leur allié passif. Quels que soient les défauts de sa rivale, elle serait, comme Fillon, du côté de l’ouverture et donc de la paix.

Avec ses allures de Peter Pan, jeune, immature, aérien, et vaguement irresponsable, par là si séduisant, Macron fait penser à ce joueur de flûte conté par les frères Grimm qui, par son jeu magique, avait entrainé à sa suite les enfants de la ville de Hamelin pour les emmener vers la mort.

Roland HUREAUX 

[1] Certains pensent que Trump, de guerre lasse, se serait rallié aux positons des néo-conservateurs. Cela n’est pas certain.