Après notre lettre ouverte au ministre Luc Chatel sur les manuels de SVT du nouveau programme de première intégrant plusieurs éléments empruntés à l'idéologie du Gender, celle de Christine Boutin et des AFC, ainsi que la formulaire du Comité national de l'enseignement catholique, le Figaro titrait  Les catholiques mobilisés contre les manuels de biologie . La réaction des opposants ne s'est pas faite attendre...

Dans un communiqué particulièrement acide, comme si le débat ne pouvait pas être rationnel avec les catholiques, le Syndicat national démocratique des personnels de l'enseignement et de la formation privés (SUNDEP) s'est moqué de l'enseignement catholique. Après avoir rappelé les droits et les devoirs qu'implique le contrat d'association qui lie l'Etat et l'enseignement privé sous contrat (salaire des enseignants, forfaits d'externat, subventions diverses et nombreuses, concertation et négociation directement avec le Ministère... pour ce qui est des droits ; respecter totalement les programmes de l'Education nationale pour les devoirs), le syndicat se lance dans une charge qui n'a d'autre utilité que de montrer leur profonde méconnaissance du dossier.

Pour eux (pour eux seuls ?) le problème de l'enseignement catholique avec le programme de SVT résiderait dans le fait de devoir aborder le sujet de la sexualité avec des jeunes de 16 ou 17 ans. C'est en tout cas ce qu'ils essayent de faire croire lorsqu'ils écrivent :  Sujet toujours sensible dans le programme de SVT : la sexualité ! Mais quel est le problème s'adressant aux élèves de 1re L et ES, c'est-à-dire des jeunes de 16-17 ans ? . Une phrase déplacée, à mille lieu du problème du Gender et du programme de SVT.

La citation d'un extrait de la lettre de l'enseignement catholique définissant l'idéologie du gender aurait pu replacer le débat à son véritable niveau, loin des préjugés éculés.  Las ! Le syndicat au lieu d'avancer des arguments raisonnables verse dans la caricature à grand renfort de points d'interrogations et d'exclamations. Le SUNDEP persévère dans la moquerie, s'exclamant  Ainsi donc, la crainte des cathos serait qu'une telle présentation favorise l'homosexualité !!!!???? .

Quant à la fin du communiqué, il est inquiétant. Après une énième pique qui vise à retirer toute légitimité à l'enseignement catholique sur les questions de sexualité par un amalgame avec les récentes affaires de pédophilie qui ont ébranlé l'Eglise, le syndicat fait sa profession de foi et réaffirme que  les programmes doivent être respectés sans restriction, que les théories et approches doivent être abordées sans censure bien sûr et sans approche morale ni dogmatique mais au contraire avec un esprit d'ouverture et d'objectivité . Autrement dit, le SUNDEP prône un usage dogmatique des programmes de l'Education nationale sous couvert de se protéger contre ce même dogmatisme. Quand il n'y a plus ni morale, ni réflexion, l'enseignement n'est plus qu'un lavage de cerveau.

L'analyse simpliste qui consiste à réduire l'attachement des catholiques au donné de la nature à une discrimination envers les personnes homosexuelles est également celle de la fédération des métiers de l'éducation, UNSA Education. Elle aussi réagit par un communiqué ciblant plus particulièrement les Associations familiales catholiques. Pour cette fédération, la réforme du programme de SVT ne serait que l'occasion d'une nouvelle  croisade  des AFC contre  l'acceptation des différences , à commencer par l'homosexualité. Elle reproche aux AFC, dénommées  associations intégristes , de penser que  l'hétérosexualité est la norme  et que  les identités entre hommes et femmes seraient établies une fois pour toutes. Le mariage est la règle et ne peut que concerner les hétérosexuels . Mais, bien plus grave aux yeux de l'UNSA,  Les associations reprennent les propos inquiétants et menaçants du pape Benoît XVI qui avait  déclaré que la théorie du "genre" représentait "l'émancipation par l'homme de la création et de son créateur" . Si le fait d'avoir un discours en adéquation avec ses convictions et de reprendre les mots d'un chef spirituel dépositaire d'une tradition de plus de deux mille ans est un signe d'intégrisme quid de la liberté de pensée et d'expression (on n'ose dire de culte) ?

Le communiqué se clôt sur ces mots :  Pour l'UNSA Éducation, les Eglises, quelles qu'elles soient, n'ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de  "citoyens" et non de "croyants", sauf à vouloir défaire la loi de séparation des Eglises et de l'Etat.  C'est trop vite oublier que ces mêmes  Eglises  sont des acteurs importants de l'éducation des jeunes aujourd'hui (l'enseignement privé sous contrat est majoritairement composé du réseau catholique d'enseignement). Une réalité qui, on le comprend bien, va contre les principes de ces éducateurs qui emploient dans leurs communiqués le mot  moral  comme un tabou et s'échinent davantage au jeu de la rhétorique qu'à celui de l'argumentation rationnelle. Il fut un temps où on les nommait  sophistes  !

A.B.

 

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