"Quand cesserons-nous de faire croire aux femmes que les méthodes d'observation du cycle sont archaïques ?"

Source [genetique.org] Lundi, la fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) lançait l’offensive contre les « méthodes de contraception naturelles », qu’elle accuse d’être « moins fiables » que la pilule ou le stérilet. La présidente de cette fédération, Pia de Reilhac estime que l’ « efficacité » des méthodes naturelles est « relative », ce qui entraînerait « de nombreux avortements ». Elle s’alerte du recours croissant à ces méthodes, en partie suite aux scandales sanitaires des pilules de 3ème et 4ème génération ou encore en réponse à la contrainte que représente la prise de pilule.

Pour Marion Vallet, sage-femme libérale à Lille, cette attaque est injuste et basée sur de faux arguments. Porte-parole d’un collectif de professionnels de santé « pour une liberté de choix et une juste information pour la gestion de la fertilité », elle répond aux questions de Gènéthique.Avec plus de 100 professionnels de santé, elle s’apprête à publier un Manifeste en droit de réponse à la fédération nationale des Gynécologues médicaux.

Gènéthique : Le docteur de Reilhac cite dans la vidéo diffusée le 26 février la méthode symptothermique, la méthode Billings ou encore le retrait et rapporte un taux d’échec de 15 à 18% avec ces méthodes. L’article du Point mentionne pour sa part la méthode Ogino ou encore les applications telles que Natural Cycles. Vous avez été interpellée par ces propos, que répondre à cet amalgame ?

Marion Vallet : Tous ces récents articles balayent avec mépris les différentes méthodes d’observation du cycle sans se donner la peine de la précision sur chacune d’elle. Mais les « méthodes naturelles » ne sont pas toutes les mêmes : le retrait n’a rien à voir avec les méthodes d’observation du cycle telles que la méthode de l’Ovulation Billings, la symptothermie ou encore Fertility care. La méthode Ogino n’a rien d’une Méthode d’Observation du Cycle (MOC) car elle se base sur la longueur des cycles (comme la médecine classique d’ailleurs) et non sur la réalité de chaque femme. Une MOC n’est pas non plus une méthode de calcul statistique qui définit à priori la longueur du cycle à venir et qui suppose le cycle sur la base des cycles précédents. Ce ne sont pas des applications ou des appareils électroniques qui calculent avec des algorithmes la période d’ovulation : comme le souligne justement le docteur de Reilhac, « les femmes ne sont pas des robots », chaque femme est différente et chaque cycle est différent.

Bien au contraire, les MOC reposent sur l’analyse quotidienne des biomarqueurs de la fertilité que les femmes apprennent à reconnaitre, grâce à un enseignement de qualité reçu par des moniteurs ou instructeurs accrédités, ou encore des professionnels de santé formés. Elles ne sont d’ailleurs pas simplement une « contraception naturelle » : elles permettent aussi aux couples en désir d’enfants de concevoir plus facilement, ou aux femmes de suivre leur santé génésique. Et dans le cas de contre-indications à l’usage des hormones contraceptives, les MOC peuvent être l’ultime solution.

En outre, la fiabilité de ces MOC n’indique pas un indice de Pearl entre 15 et 18% (taux de grossesses) mais une fiabilité égale à celle de la pilule oestro-progestative, première contraception des femmes françaises[1]. Quand cesserons-nous de faire croire aux femmes que les méthodes scientifiques d’observation du cycle sont archaïques ? Peu fiables ? Approximatives ? Aléatoires ?

Concernant le lien méthode naturelle/avortement, je voudrais aussi souligner que le taux d’IVG n’a pas augmenté malgré un désamour des femmes vis-à-vis des hormones contraceptives[2] et un recours des couples vers le préservatif[3]. Au contraire, il serait en légère baisse. Et on ne peut ignorer aujourd’hui que deux tiers des femmes qui ont recours à l’IVG étaient sous contraception. 

Cette ignorance sur les MOC est une réalité française, qui se double d’une ignorance sur la physiologie du cycle : au terme d’années d’études médicales, peu de professionnels de santé savent répondre à des questions simples de femmes : pourquoi mon cycle ne dure pas 28 jours ? Pourquoi ai-je des cycles irréguliers ? Comment savoir si j’ovule ? Et bien d’autres questions souvent entendues en consultation.

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