Mgr Léonard : Il y aura des combats à mener. N’ayez pas peur. Vous aurez à souffrir mais confiance, nous dit Jésus, moi j’ai vaincu le monde

Source [Le Salon Beige] Jeanne Smits a retranscrit l’homélie de Mgr André Léonard, prononcée sans note lundi à l’occasion du pèlerinage de Chrétienté. L’intégralité de la messe en vidéo est ici. Cette homélie est publiée en intégralité sur le Salon beige avec la permission de Jeanne Smits, qui l’a mise en ligne d’abord sur son blog.

 

Nous connaissons tous, mes frères et mes sœurs, les multinationales qui font du commerce à travers le monde entier. Eh bien, ceci est un scoop, la plus belle multinationale du monde, c’est l’Église catholique répandue parmi toutes les nations. Et nous la devons à l’Esprit-Saint et à saint Pierre, dans la lecture des Actes des Apôtres d’aujourd’hui. Pierre est allé chez Corneille, un païen, un militaire romain, avec tout son entourage ; il est entré dans sa maison – ce qui est interdit pour un juif ! – et voilà qu’à la demande de Corneille il l’évangélise, il lui parle de Jésus, vrai Dieu, vrai homme, crucifié et ressuscité. À peine a-t-il terminé son serment que l’Esprit-Saint tombe sur Corneille et tous ses familiers… et Pierre se trouve devant un problème. Ils ont déjà reçu le sacrement de la confirmation, comment pourrait-on leur refuser l’eau du baptême ? Et il va baptiser ces païens après un catéchuménat extrêmement court.

C’est grâce, donc à l’Esprit Saint, et grâce à Pierre et puis après à Paul que l’Église est devenue une véritable multinationale non plus liée à un seul peuple, mais la multinationale de la foi, de l’espérance et de la charité à travers le monde. Et c’est ce qui nous a permis à nous ici, Gaulois,  Celtes, Attuatiques, Nerviens et Eburons et autres peuplades de l’époque d’entrer finalement dans l’Église catholique. Et cette Eglise catholique, nous osons dans le Credo dire qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique. J’entends parfois des gens, par les temps qui courent, après la révélation de tant de scandales qui nous on fait du mal, qui disent : « Est-ce qu’on peut encore dire que l’Église est une, sainte !, catholique et apostolique ? » Eh bien oui, elle est sainte bien qu’elle soit composée de pécheurs – la preuve, c’est que nous sommes là. Elle est composée de pécheurs.

Mais elle est sainte parce que le Saint de Dieu, Jésus, est sa tête, parce que l’Esprit-Saint est son âme, parce que la Très Sainte Vierge Marie est son cœur ; parce que pour la guider sur le chemin de l’histoire elle est soutenue par la sainte Tradition qui vient des apôtres, et illuminée par les Saintes Ecritures, et parce qu’au cœur de la vie de l’Eglise il y a ce que nous faisons maintenant, il y a le Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Et par surcroît, à travers les siècles, l’Eglise à partir des pécheurs qui la composent est capable de produire des saints et des Saintes – et nous allons tous devoir le devenir tôt ou tard.

Et pour remplir sa mission, l’Eglise dispose comme source d’espérance et comme source de paix de ce que nous avons entendu dans l’Évangile : ce sont des deux versets les plus précieux de tout le Nouveau Testament : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que quiconque croit en lui ne périsse pas mais au contraire ait la vie éternelle, car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé. » C’est une pure merveille.

Saint Paul l’a résumé dans sa seconde lettre aux Corinthiens au chapitre 5, verset 21, quand il dit : «  Celui qui n’avait pas connu le péché, le Saint de Dieu » – c’est ainsi que le démon s’adresseait à Jésus, « nous savons qui tu es, Jésus de Nazareth, tu es le Saint de Dieu » – eh bien, dit Paul, « celui qui était sans péché, le Saint de Dieu,  Dieu l’a pour nous identifié au péché, il l’a mis au rang des pécheurs pour que nous pécheurs, nous ayons part à la sainteté de Dieu. »

Si nous réalisons cela, pourquoi Jésus est descendu si bas dans un abîme de solitude, de déréliction, d’effroi, d’angoisse, se sentant abandonné par ses disciples, et même, apparemment, abandonné par son Père jusqu’à crier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; s’il est descendu si bas c’est pour rejoindre tout homme, tout femme, aussi profonde que puisse être sa déchéance.

Eh bien celui qui croit en cela, qui met sa foi en Jésus descendu au fond de l’abîme, est habité par une espérance inépuisable et reçoit le don de la paix – mais à quel prix, payé par celui qui nous a sauvés. Le soir de Pâques dans l’Évangile de Jean, Jésus s’adresse par deux fois aux disciples en leur disant : « La paix soit avec vous. » Et il leur montre les plaies de ses mains et la plaie de son côté — le prix qu’il a payé pour, remontant de l’abîme, nous faire le don de la paix.

C’était le thème de votre pèlerinage : être missionnaire de la paix. Mais cela comporte un prix, et un prix auquel il nous faut réfléchir. Car il est dit dans l’Evangile de Jean dans la suite des versets que je viens de citer : « Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière et nous devons, nous, choisir la lumière et nous conformer à la volonté, agir suivant la volonté du Seigneur sur nous. » Et cela va poser un combat.

Jésus est venu nous donner la paix. Il le dit explicitement le soir de la Dernière Cène : « Je vous donne la paix, je vous donne ma paix. Je ne la donne pas comme le monde la donne. » Et dans les évangiles synoptiques, Matthieu, Marc, Luc, on entend cette parole un peu surprenante : « Pensez-vous, dit Jésus, que je suis venu apporter la paix ? Non, mais plutôt la division et le combat. »

Eh bien, mes frères et mes sœurs, missionnaires de l’espérance et missionnaires de la paix, il y aura un combat à mener de toute manière. Nous vivons actuellement une grande confusion en Europe sur le plan politique. Il y aura des combats à mener.

Il y a aussi beaucoup de confusion actuellement dans l’Église catholique parce que sur des points importants qui touchent l’indissolubilité du mariage, le rapport de l’Alliance conjugale avec l’Alliance du sacrement de l’Eucharistie, sur la question de l’indissolubilité du mariage, sur la question des pratiques homosexuelles, sur la question du célibat des prêtres dans l’Eglise latine et sur tant d’autres sujets : une grande confusion. Et ça va dans tous les sens. Et nous devons être reconnaissants lorsque sur certains de ces points notre pape actuel, le pape François parle d’une manière claire. Et nous pouvons aussi continuer à nous inspirer de l’enseignement très clair et aussi très miséricordieux que nous a donné Benoît XVI, le pape émérite, que nous a donné saint Jean-Paul II. Nous allons devoir mener des combats avec fermeté, avec bienveillance, avec écoute, avec miséricorde, mais il y aura des combats à mener.

Et Jésus nous a prévenus : dans le monde vous aurez à souffrir mais confiance, moi, j’ai vaincu le monde.

Je termine par un petit mot. J’ai été très impressionné de voir toutes les familles qui sont ici rassemblées avec des gens qui ont déjà leur état de vie, qui sont mariés, ou bien qui sont célibataires par choix, ou bien qui sont célibataires en raison des circonstances de la vie. Il y a des ministres ordonnés, il y a des personnes consacrées… Mais aussi plein de jeunesse !

Alors, mes chers jeunes ici présents, fréquentez Jésus de très près, c’est source de paix mais ça peut être aussi très dérangeant. Il va demander à une majorité d’entre vous de fonder un jour un foyer solide, c’est-à-dire un homme et une femme et le Seigneur au milieu : un beau ménage à trois, un homme, une femme et le Seigneur qui est l’unité profonde au d’un couple. Il va demander à certains de vivre un célibat forcé qu’on n’a pas choisi parce qu’on n’a jamais trouvé une âme sœur dans la vie. Et il va demander à ces personnes de vivre leur célibat dans la vérité.

Mais il va certainement vouloir trouver parmi vous les jeunes, des filles qui trouvent que c’est Jésus le plus beau et qui pour ses beaux yeux vont embrasser une forme ou l’autre de vie consacrée. Soyez sur vos gardes, et soyez accueillantes, mesdemoiselles ! Et parmi les jeunes garçons, il va vouloir en trouver certains qui accepteront de devenir prêtre pour le service de l’Eglise. Dans tous les diocèses de France et d’Europe en commençant quand même par le diocèse de Chartres on a partout besoin de jeunes qui sont tellement passionnés par Jésus qu’ils décident de lui consacrer toute leur vie, à lui ainsi qu’au peuple qu’il aime.

N’ayez pas peur. Dans le monde,  vous aurez à souffrir et à faire des choix exigeants mais confiance, nous dit Jésus, moi j’ai vaincu le monde.  Amen, alléluia !