Jean-Michel Blanquer aurait emporté la faveur de 71% de Français lors de son entretien avec Alexis Corbière ?

Jean-Michel Blanquer aurait emporté la faveur de 71% de Français lors de son entretien avec Alexis Corbière le 15 février 2018 sur France 2 ?

Alexis Corbière pose bien le problème Blanquer

Pourtant, d’entrée de jeu, Alexis Corbière a fort bien posé le  problème  Blaqnuer lui déclarant : « Vous êtes un homme très compétent, mais au service de quoi avez-vous mis cette compétence ?

Vous apparaissez pour les gens comme un homme qui va solutionner les problèmes, mais vous n’êtes pas un homme neuf…vous avez déjà fortement marqué l’Education Nationale par votre passage… vous avez supprimé 80 000 postes d’enseignants, et la formation des enseignants, énorme problème : 69% des jeunes collègues estiment qu’ils sont mal formés, la formation des enseignants a été cassée.

Comment serait-il possible que le ministre de l’Education National Jean-Michel Blanquer répare ce que le ministre bis de Sarko a fait ?

Rien à redire dans cet état des lieux énoncé sans agressivité mais avec  discernement.

Au service de quoi Jean Michel Blanquer met-il sa compétence ? 

Jean-Michel Blanquer n’a  évidemment pas apporté de réponse à cette première question qui est pourtant essentielle ; en effet, il a mis et continue à mettre sa compétence au service de l’éducation dite « prioritaire » c’est-à-dire en faveur des élèves issus de l’immigration dans les REP et REP+ ; il l’a d’ailleurs déjà déclaré mais de façon édulcorée « je suis au service des ‘plus fragiles’, au nom de l’égalité, c’est à cela que je suis dédié »  mais il se garde bien de le dire en langage clair : pour les immigrés, l’excellence, pour nos enfants, l’école-lieu de vie.

Pour le reste des questions, Jean Michel Blanquer est lancé dans la valse des faux-semblants, des approximations et de la mauvaise foi :

 Qu’a-t-il fait dans le ministère de Robien ?

 « … J’ai fait partie du gouvernement de Gilles de Robien, et dès cette époque, j’ai réfléchi à certains sujets dont je suis fier, dont la question du « lire-écrire-compter ».

Notons que Jean-Michel Blanquer a seulement réfléchi ! et  il est bon de rappeler à cet égard, que c’est à cette époque que Gilles de Robien a voulu rétablir la méthode alphabétique de lecture et qu’il a été court-circuité par son administration dont faisait justement partie Jean-Michel Blanquer…

Quel est son palmarès en tant que recteur de Créteil ?

Il poursuit : « …J’ai été recteur de Créteil, c’est là qu’on va créer l’internat d’excellence de Sourdun, chose qui a été critiqué par des gens de votre parti … ce sont des centaines d’élèves qui sont passés aujourd’hui… et qui ont réussi »

Ce que Jean Michel Blanquer ne dit pas, c’est que cet internat  d’excellence - entre autres internats d’excellence – est réservé  - « prioritairement » dit le texte, mais uniquement dans les faits - aux élèves issus de l’immigration ; le  coût de la scolarité y est tellement pharamineux qu’il n’est pas accessible à nos enfants et que le financement par de grandes entreprises et par nos impôts  est réservé à ces élèves-là.

Ce système n’a pas seulement été critiqué par le parti d’Alexis Corbière mais par l’Inspection Générale – ce qui n’est pas peu ! - en raison de l’entorse trop flagrante au principe d’égalité, et par la Cour de comptes – ce qui n’est pas peu non plus ! - en raison du coût prohibitif du dispositif, ce qui a entraîné sa démission.

Quod de la formation des professeurs ?

Parlant de la formation des professeurs dont Alexis Corbière a souligné à juste titre l’indigence,  mettant bien en évidence que c’est un gros problème, Jean-Michel Blanquer répond : « nous avons fait beaucoup de choses en matière de formation continue des professeurs ».

Nous n’avons rien su de ce « beaucoup de choses » et pour cause ! car si « beaucoup de choses » ont été faites, cette formation continue a essentiellement concerné les professeurs devant enseigner dans les différentes structures destinées aux élèves issus de l’immigration (équipes de réussite éducative, écoles de la 2ème chance, internats d’excellence….).

De plus, et c’est essentiel, cette formation a été assurée et continue d’être assurée, non pas dans les sinistres IUFM/ESPE destinés aux « enseignants » de nos enfants, mais à l’Ecole Supérieure de l’Education Nationale –E.S.E.N. –  située au Futuroscope de Poitiers où 9000 stagiaires par an sont formés.

Et Jean-Michel Blanquer a eu le cynisme de poursuivre ainsi :« le sujet de la formation des professeurs est beaucoup trop complexe pour être livrée à la polémique…  ce sont des sujets qu’il ne faut pas aborder de façon trop simpliste et c’est malheureusement ce que vous êtes en train de faire »

Or, il n’y a eu aucune polémique de la part d’Alexis Corbière et sa remarque n’a pas  davantage été simpliste : toute simple, mais tellement simple que, mettant en difficulté Jean-Michel Blanquer qui n’a pas l’intention de changer quoi que ce soit à la situation pour nos enfants, a cherché à  discréditer son discours.

A aucun moment, Jean-Michel Blanquer n’a parlé de rehausser le niveau des enseignants pour nos enfants, puisque pour eux, l’Ecole devient un simple lieu de vie contrairement aux dispositifs de l’éducation prioritaire.

Le problème de la suppression de postes

Sur la  suppression de postes , Jean-Michel Blanquer a été, là aussi, très discret dans la mesure où ces suppressions de postes d’enseignants diplômés ont été compensés et sont toujours compensés par l’embauche de personnels sans qualification (les emplois-avenir-professeur) entièrement formatés par la suite dans les IUFM/ESPE, autrement dit, ils resteront sans qualification et destinés à nos enfants.

 La question des moyens 

Plus loin, Jean Michel Blanquer déclare : « le problème n’est pas une question de moyens » et Alexis Corbière lui fait encore très justement remarquer que le, dédoublement dans les classes de CP nécessite des moyens, « le plus de maîtres que de classes » aussi – pour ne citer que cela ! –, tous ces dispositifs sont coûteux.

Quand a été évoqué par la journaliste, la question des classes fermées dans les zones rurales, Jean-Michel Blanquer a seulement dit être très engagé dans la renaissance des zones rurales, mais il n’a pas évidemment pas dit comment ! une affirmation qui fait bon effet et  n’engage à rien.

Ensuite Alexis Corbière a dénoncé les nombreux problèmes de remplacement de professeurs absents soulignant que pour sa politique d’éducation prioritaire, Jean Michel Blanquer était bien obligé de prendre dans le vivier des professeurs, sous-entendant bien évidemment, que cela se fait au détriment de nos enfants.

Conclusion

Il est dommage qu’Alexis Corbière ait entamé sa crédibilité en fin d’émission sur un sujet périphérique, suggérant la gratuité des repas pour tous de la maternelle à la terminale, ce qui a permis à Jean-Michel Blanquer de laisser le public sur une bonne impression dans la mesure où, s’opposant à cette suggestion, il a fait une réponse convaincante.

Pour le reste, Jean-Michel Blanquer n’a évidemment  pas gagné notre faveur mais a emporté notre plus intime conviction qu’il poursuit sans vergogne la politique éducative précédemment menée.