Halloween, quand tu nous tiens...

Cette année encore, les jours qui ont précédé la fête d’Halloween ont été envahis de citrouilles, squelettes et autres horreurs caoutchoutées. Avec un regain de vigueur, alors que l’on aurait pu croire le mouvement sur une pente descendante. 

Il y a un ou deux ans, nous entendions ici ou là des échos relativement optimistes : « ça s’essouffle », ou bien « pas vu trop d’Halloween cette année. » Illusion, il faut bien le reconnaître : le matraquage en faveur de cette manifestation de la culture de mort, au sens premier du terme, a bel et bien repris de plus belle, dans une guerre d’usure en passe d’être gagnée.

Sous l’effet de l’habitude ou de la lassitude, se multiplient les faux arguments, masques de l’absence de résistance. Qu’il nous soit permis de dresser la liste des erreurs les plus répandues au sujet d’Halloween, et ce jusque dans les meilleures familles estampillées cathos.

Erreur numéro 1 : « ce n’est pas si grave, ce n’est que du marketing, c’est juste commercial ! » Cette assertion révèle un grand angélisme, pour ne pas dire une profonde naïveté sur les ressorts de notre monde contemporain. Si votre gentille boulangère au coin de la rue, qui a suspendu avec amour de belles toiles d’araignées entre ses boîtes de chocolat, ne voit pas où est le problème, cela n’empêche pas qu’à l’autre bout de la chaîne, il y a des individus qui, eux, savent très bien ce qu’ils font et ont à cœur de soutenir un modèle de société acculturé, profondément matérialiste et ouvertement déchristianisé. Les accointances du milieu du cinéma, l’un des vecteurs privilégiés de cette culture Halloween qui « rayonne » ensuite par capillarité jusqu’à la boulangère, avec des sectes sataniques ne sont malheureusement pas un mythe.

Erreur numéro 2 : « après tout, si cela permet aux enfants de passer une bonne soirée en s’amusant, je ne vois pas trop où est le problème. » Cette erreur s’enracine dans la même naïveté que l’erreur numéro 1. Il est bon de rappeler qu’il y a des amusements plus pertinents que d’autres, et qu’il y a des jeux qui élèvent l’âme, l’irradient de beauté et de joie. Promener un squelette de chien en caoutchouc en laisse (authentique), ou exhiber une faux avec  une cape ornée d’un crâne n’en font évidemment pas partie. L’on juge d’un arbre à ses fruits : la nuit d’Halloween s’accompagne de toutes sortes de débordement chez les adolescents et grands adolescents. Cette année, c’est officiel, c’est précisément cette date-là qu’un certain nombre de racailles ont choisi pour lancer leur grand appel à la « purge » (un phénomène de lâchage social inspiré de la culture cinématographique américaine) contre les autorités publiques et les forces de police. Ils n’ont pas choisi pour ce faire le jeudi de l’Ascension ou le lundi de Pentecôte : rien n’est jamais anodin.

Erreur numéro 3 : « les enfants ont vu Halloween avec la prof d’anglais, il faut dire que c’est sympa quand on est aux Etats-Unis / en Angleterre / en Irlande (rayer la mention inutile). » C’est l’une des dimensions cruciales du problème d’Halloween : non, effectivement, ce n’est pas notre culture, et au-delà de l’aspect malsain et satanique, il s’agit d’une occasion de plus d’aliénation culturelle à un modèle anglo-saxon surdominant. La célébration d’Halloween est du côté de la modernité branchée, celle qui parle aux adolescents déracinés, et cette modernité-là se construit contre nos propres références culturelles.

Plus que jamais, dans la joie de la Toussaint, maintenons notre vigilance, et ne faisons pas d’Halloween, les années passant, un phénomène acquis !

Constance Prazel