En France, les vieux, les paysans et les artisans seraient au bout du rouleau

Source [Contrepoints] Panorama d’un mal-être, auquel l’État ne pourra remédier qu’en rendant possible un peu plus de liberté.

La société française est-elle devenue invivable pour ceux qui en composent le socle historique : les vieux, les paysans, les artisans, entre autres ? L’actualité téléscope curieusement plusieurs informations très différentes, qui dressent un portrait sombre de l’état moral et sanitaire de la majorité silencieuse dans ce pays.

Le Monde a fait scandale en titrant sa Une sur la maltraitance des vieux en France. L’article se faisait l’écho de l’avis rendu par le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) sur le sort réservé aux plus de 75 ans, et particulièrement aux 500.000 d’entre eux placés dans des Établissements d’Accueil (les fameux EHPAD en quasi-grève perlée depuis plusieurs mois). On notera, pour illustrer le propos du Comité, cette phrase instructive :

"Force est de constater que l’institutionnalisation des personnes âgées dépendantes et leur concentration entre elles génèrent des situations parfois indignes, qui, réciproquement, sont source d’un sentiment d’indignité de ces personnes. Leur exclusion de fait de la société, ayant probablement trait à une dénégation collective de ce que peut être la vieillesse, la fin de la vie et la mort, pose de véritables problèmes éthiques, notamment en termes de respect dû aux personnes".

Cet avis est assez courageux de la part d’une instance officielle. La dénégation de la mort fait partie des principes « religieux » contemporains, ces « credo » laïques qui sous-tendent toute la pensée que Philippe Muray avait qualifiée de post-historique.

Dans la société française, qui se caractérise par un immense mouvement d’infantilisation des esprits et de négation de la vie dans ce qu’elle a de risqué et de précaire, la mort et son spectacle n’ont guère droit de cité. Elle rappelle trop l’imposture contemporaine, selon laquelle la technologie permettrait de sublimer le genre humain et ses limites.

Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes que la société du Vivre Ensemble, dominée par la bienveillance et les valeurs positives, soit aussi productrice d’enfermement et d’exclusion pour tous ceux qui lui rappellent la fragilité de ses croyances.

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