Comment l’Europe se tire une balle dans le pied...

Source [Atlantico] José Manuel Campa, diplômé de Harvard, travaillant auparavant de la Banque Santander au poste de responsable mondial des affaires réglementaires, vient d'être désigné à la présidence de l'EBA, l'autorité bancaire européenne.

Atlantico: Comment évaluer la nomination de José Manuel Campa ?

Benoit Lallemand: Dans le contexte actuel, c’est une très mauvaise nouvelle de voir que, de fait , quelqu’un issu d’une des 30 banques considérées par le Financial Stability Board comme trop grosse pour faillite (too big to fail), c’est à dire d’importance systémique, qui étaient au cœur de la crise que nous avons connu il y a 10 ans, prend la place du superviseur en chef européen. Le facteur aggravant est que cette personne n’était pas véritablement un banquier, mais occupait un poste qui correspond à celui de lobbyiste en chef de la banque Santander. Ce qui permet de contrer l’argumentaire qui voudrait avancer l’idée que la finance est un secteur complexe, ce qui justifierait cette nomination. Son métier était de défendre les intérêts d’une banque trop grosse pour faire faillite auprès des différentes instances réglementaires nationales et européennes pour éviter que la rentabilité ne soit affectée. C’est un expert de l’influence dans les décisions réglementaires. C’est précisément le rôle inverse qu’il doit occuper aujourd’hui. Il est extrêmement difficile de croire, et ce n’est absolument pas une attaque personnelle, d’imaginer un virage mental à 180 degrés dans un temps si court. Surtout en considérant les passerelles qui existent dans les deux sens, parce qu’il sera intéressant de voir ou il termine sa carrière. Cela est donc un signal désastreux.

De plus, nous sommes conscients de la nécessité de penser autrement le secteur financier, cela relève du sens commun plus de 10 années après la chute de Lehman Brothers. Il y a un consensus général, y compris chez les économistes les plus conservateurs, sur le fait que la finance n’a pas été remise au pas. Le système financier a besoin d’être repensé et là nous assistons au message inverse.

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