Benalla : l'affaire aux mille questions

Une analyse stimulante de l'affaire Benalla proposée par Pauline Mille, Réinformation TV. Si la conclusion de l'article nous semble un peu tirée par les cheveux (le fait que nous soyons dans une atmosphère de guerre civile, ce qui est indubitable, ne signifie pas nécessairement que l'affaire Benalla serve d'enfumage au débordement des forces armées), la succession des questions posées par la situation du favori du Président mérite d'être lue. 

Un homme de main passé du PS à Macron, Alexandre Benalla, provoque une affaire que les médias ont montée en mayonnaise : derrière l’arbre de ses brutalités et passe-droits, se cache une forêt de vraies questions qui se posent à tout le système, et pour commencer aux médias.
 
Les grands médias des grands oligarques de France ont fait Macron, ils sont en train de le défaire, ou de lui donner un avertissement, ou de jouer avec lui une comédie dont il est urgent de chercher la signification. Politiques et médias, prompt à se jeter sur l’os de l’affaire Benalla, crient au scandale d’Etat, à la crise de régime (Mélenchon a parlé de « Watergate »). Quant aux médias, ils ont relevé les fautes commises par Benalla, les avantages et les protections dont il jouissait, mais ils ont omis de poser des vraies questions, pourtant très simples, qui pourraient éclairer utilement l’affaire. 

Son parcours au PS, par exemple. Il a été gros bras et factotum socialiste. Il finit chauffeur chez Montebourg, ministre de quelque chose à l’époque, du redressement économique. Celui-ci le vire pour délit de fuite (il aurait pu se virer lui-même pour délit de fuite devant ses responsabilités et la réalité), très bien : mais l’homme est insubmersible et « rebondit », comme on dit. Comment cela est-il possible ? Le parti socialiste, celui de Hollande, Ségolène Royal et Martine Aubry, n’est-il pas le sanctuaire du bien et du scrupule ? Benalla savait-il des choses sur les uns ou les autres ? Ou bien est-ce la règle au PS d’employer des hommes de main douteux ? En tout cas, chez Macron, ça ne l’a pas handicapé. L’Elysée, c’est comme la légion étrangère, on est une grande famille et l’on ne pose pas de question sur le passé. Quel est le vrai prénom de Benalla ? A-t-il des liens avec les services marocains ? Ce n’est pas à Emmanuel Macron qu’il faut le demander. Il « fait confiance aux procédures en place ». Il « n’interfère pas dans les enquêtes ».

C’est donc aux médias que je vais poser mes questions. Ils s’indignent, et les réseaux sociaux s’indignent avec eux (c’est une tendance nouvelle, un consensus croissant, signe de prise en main, entre médias et réseaux sociaux), de la situation faite à Benalla : salaire à dix mille par mois, logement de fonction quai Branly, passe-droits divers dont une carte d’entrée très spéciale à l’Assemblée nationale, grade de lieutenant-colonel de gendarmerie dans la réserve nationale à vingt-six-ans, etc. Comme son profil psychologique, son bref passage chez les Bleus (« il s’occupait des bagages », pour Christophe Castaner) ni son passé au PS ne semblent justifier cette ascension irrésistible, il faut croire qu’il rend de vrais services, en rapport avec ces avantages. Ce n’est pas une supputation, c’est une certitude logique. Toute la question est : quel type de services ? Est-il mandaté par quelqu’un d’extérieur aux institutions républicaines ? Accomplit-il des besognes inavouables ? Son étoile tient-elle à son silence sur certaines choses dont il aurait été témoin ? Ou encore est-il ce que l’on avait accusé Mathieu Gallet d’être, l’amant du président ? On n’a pas seulement le droit de poser la question, on en a le devoir.

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