Nicolas Hulot, idéologue anti-nucléaire

Source [Les 4 Vérités]

 

Un vent de fronde

S’est levé ce matin

Je crois qu’il gronde

Contre l’éo-li-en.

Je dois, tout d’abord, solliciter l’indulgence des lecteurs pour ce mauvais pastiche d’un couplet des frondeurs du XVIIe siècle. Mais le pardon peut-être accordé, je vais passer aux choses sérieuses et parler de M. Hulot

Nicolas Hulot, ministre de la Transition énergétique, n’est pas un ingénieur ; c’est un idéologue.

Or, il n’est jamais bon de laisser l’idéologie s’installer là où les problèmes sont purement techniques.

La technologie n’est pas l’endroit où règne la passion, mais celui où prévalent autant qu’il est possible le raisonnement et l’objectivité.

C’est que la question d’une transition énergétique ne laisse pas d’être ambiguë.

Comme un tabouret boiteux qui repose sur deux pieds porteurs et un troisième trop court, elle repose sur trois pattes, disons trois constats.

Deux sont rationnels et le troisième émotionnel.

Les constats rationnels sont ceux que chacun peut faire par simple bon sens.

Ce sont l’épuisement inéluctable, quoique lointain, des ressources et les pollutions qui sont générées. Donc foin de charbon, du pétrole et du gaz, surtout celui qui se cache dans les schistes.

Le troisième pied, le boiteux, concerne le nucléaire, celui qui fait peur.

Le nucléaire fait peur à cause des déchets dont on ne sait que faire, du caractère incontrôlable des accidents qui peuvent survenir et surtout de son péché originel indélébile qui a pour nom Hiroshima et Nagasaki.

Les tenants du concept de transition énergétique ont deux armes dans leur carquois : le solaire et l’éolien, ces chevaliers blancs de la production d’énergie du futur.

Que ces deux sources soient intermittentes et aléatoires, que leur potentiel soit notoirement insuffisant pour satisfaire les besoins d’une humanité de plus en plus nombreuse et de plus en plus gourmande en confort est superbement ignoré par leurs promoteurs (dont justement M. Hulot).

M. Hulot veut donc des éoliennes, point, trait, barre.

Cette attitude est puérile et irresponsable, mais elle est en phase avec une opinion populaire saisie viscéralement par la peur.

Car, pour tout dire, il faut bien voir que le peuple a plus que peur ; il a la trouille, la sainte trouille verte qui a pris la place de la peur bleue de jadis.

En bon démagogue, M. Hulot en profite pour pousser son landau. Il va donc doubler le nombre des éoliennes, na !

Entendons-nous bien.

Il ne faudrait pas déduire de ces quelques lignes que je sois un idolâtre inconditionnel de l’énergie nucléaire.

Je n’en range pas les inconvénients dans le tiroir où cohabitent mépris et oubli, mais je constate lucidement une évidence : c’est le seul, vraiment le seul, moyen d’assurer, pour l’avenir proche, mais aussi lointain, les volumes d’énergie qui permettront à l’humanité de survivre et aux populations aujourd’hui défavorisées (c’est-à-dire sous-équipées) de sortir la tête hors de l’eau.

Ce n’est pas moi qui le dis, mais une voix incontestablement compétente, celle de Sir Fred Hoyle, prix Nobel de physique, anobli par la reine d’Angleterre pour ses éminentes contributions scientifiques

Comme toutes les inventions humaines, les technologies nucléaires sont imparfaites et devront faire des progrès, peut-être remettre en cause leurs filières actuelles, la taille des unités de production, que sais-je encore ?

Mais, au lieu d’attendre naïvement que le vent se lève, les hommes politiques (même si ce sont des femmes) devraient aujourd’hui investir dans la sécurité nucléaire et, parallèlement dans la maîtrise de la peur, cette mauvaise conseillère, qu’il ne faudrait pas confondre avec la prudence.

Or, M. Hulot n’est pas parti pour regarder les réalités en face. Il se refuse de les voir ; il a peur.

La guerre énergétique, comme toutes les guerres, ne sera pas gagnée par des généraux qui ont peur.

M. Hulot va donc perdre la sienne qui, hélas, est également la nôtre.

Paul Turbier