« Je suis là pour mourir par Allah. De toutes façons, il va y avoir des morts. »
Article rédigé par , le 21 mars 2017

[Source : Boulevard Voltaire]

Il y a une porosité extrême entre les affaires de droit commun (trafics de drogue, cambriolages, etc.) et le terrorisme islamiste.

Orly, ce 18 mars, a remis une campagne présidentielle, que certains auraient voulu voir exclusivement pilotée par Mme Houlette et son parquet tout neuf, entre les mains de notre cher procureur Molins et de son parquet antiterroriste.

Bien sûr, la même presse, qui scrute au centime d’euro près les relevés de compte et les tickets de caisse de M. Fillon, est bien plus évasive quand il s’agit de nous parler de la tentative d’attentat à Orly.

Sud-Ouest peut même titrer : « Attaque à Orly : l’assaillant, un homme sombre, renfermé et solitaire. » Mon Dieu, un grand dépressif, notre Ziyed Ben Belgacem ! C’est fou, comme un titre de la bonne presse peut mentir… Car ledit Zyed, selon l’expression désormais convenue, était « connu des services de police ». Et même bien connu ! « Mais (dixit Le Monde, qui persiste à ne pas voir sur quel terreau poussent nos terroristes islamistes), seulement pour des affaires de droit commun ! » Vol d’une pomme au marché de Garges-lès-Gonesse ? Non : neuf mentions à son casier judiciaire, pour des affaires de stupéfiants et de vols aggravés ! En 2001, il est même condamné à cinq ans de prison pour vol à main armée par la cour d’assises du Val-de-Marne. En 2009, il est à nouveau condamné à trois, puis cinq ans d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants. Et la justice était informée que, dès 2011, il manifestait des « signaux de radicalisation ». Surveillé plus étroitement depuis l’état d’urgence (perquisition), notre « homme sombre » (Le Monde) avait été mis en examen en mars 2016 pour un cambriolage.

Depuis septembre et sa dernière sortie de prison, il était sous contrôle judiciaire. On a assez dit l’inefficacité d’une telle mesure pour ce type d’individus.

 

Et son road movie de samedi, si vous vous informez bien, ne se résume pas à certains titres édulcorés : « Un individu tente de dérober une arme à un soldat de l’opération Sentinelle ! » Non, c’était quand même bien plus violent que cela : tir sur un policier qui est blessé à la tête, vol d’une voiture à main armée, attaque d’une patrouille de l’opération Sentinelle pour dérober un FAMAS et le retourner contre cette femme et d’autres…

Ce que nous montre de nouveau le parcours de cet individu, c’est qu’il y a une porosité extrême entre les affaires de droit commun (trafics de drogue, cambriolages, etc.) et le terrorisme islamiste. Vous voulez savoir ? Dans mon département, les cambriolages explosent, et vous savez ce que l’on vole ? Matériel informatique, argent, bijoux, bien sûr, mais de plus en plus armes, clous et boulons. Pensez-vous que nos petites racailles désœuvrées souhaitent s’organiser elles-mêmes des stages de quincaillerie ?

Notre justice et notre droit, qui s’obstinent à vouloir ériger des murs entre délinquance et terrorisme islamiste, s’aveuglent et nous mettent en danger.

Alors, oui, Zyed a vraiment perturbé un tranquille samedi de campagne où la France était priée de se pâmer devant le programme de défense de M. Macron.

Mais la piqûre de rappel d’Orly, cinq ans jour pour jour après l’équipée de M. Merah, a remis au centre du débat présidentiel LA question que la gauche, la justice et les médias voulaient escamoter.

Le procureur Molins est le Caton de notre époque, répétant imperturbablement la réalité de la menace. À voir les réactions ou l’absence de réactions de nos dirigeants et de nos candidats à l’honneur samedi – Macron, Hamon et Mélenchon -, notre procureur est malheureusement, aussi, une Cassandre.

Alors, pour ceux qui ne veulent toujours pas entendre, réécoutons cette phrase, scrupuleusement rapportée par M. Molins : « Je suis là pour mourir par Allah. De toutes façons, il va y avoir des morts. »

Pascal Célérier