Obama : quelques jours pour déclencher la guerre mondiale.

[Source : Roland Hureaux]

C'est exagéré :  il  a certes appuyé sur le bouton sans lequel les guerres de Libye et de Syrie -  et peut-être du  Yemen -  n'auraient pas eu lieu. 

Mais il a refusé de céder aux pressions d'une partie de son gouvernement et de ses alliés ( la France de Hollande et Fabius  en première ligne) qui voulaient bombarder la Syrie sans mandat de l'ONU en août 2013  à la suite de l'attaque chimique de la Ghouta ( banlieue de Damas). S'il  avait là aussi appuyé sur le bouton, les Russes auraient riposté  et on ne sait jusqu'où serait allée  l'escalade. On peut supposer qu'il savait avant tout le monde, que ces attaques étaient une provocation  destinée à mettre en  cause Assad et non l'œuvre d' Assad lui-même[1].

De même le traité avec l'Iran de juillet 2015 est à mettre à son actif , tout comme la reprise des relations avec Cuba.

Sa fin de mandat est par contre  moins bien inspirée : la décision d'expulser 35 diplomates russes (une décision lourde  s'agissant des deux "grands") , soi-disant en représailles d'une interférence numérique de la Russie dans la campagne présidentielle américaine, peut être jugée parfaitement rocambolesque.

D'abord parce que les preuves présentées sont minces.

Le principal grief : avoir fait circuler des  courriels d'Hillary Clinton, demeure mal établi et à supposer qu'il le soit, ces courriels n'auraient pas porté préjudice à l'intéressée si elle avait été claire  !   

Et même si tout cela était vrai,  il n'est pas d'usage que la guerre de l'ombre qui se  livre depuis toujours entre  grandes puissances  soit portée à la lumière.  A ce jeu, celui qui perd ne le dit pas. Surtout que les Américains n'ont en la matière de leçons de morale à donner à personne.  

A ce grief principal, s'en ajoutent d'autres  assez  confus : tracasseries aux diplomates américains  en poste à Moscou, tentative de perturber  le système de régulation électrique de l'Etat du Vermont, victime, dit-on d'un virus d'origine russe.

Non, vraiment, Obama se ridiculise.

 

La paix en danger

Non seulement  cela sent son mauvais perdant ( du côté du clan  Obama-Clinton) mais, pire, le président, en agissant ainsi, met en danger la paix :  les trois semaines de mandat qui lui  restent suffiraient à déclencher une nouvelle escalade dans la mesure où il a derrière lui de grandes administrations : le Département d'Etat , le Pentagone , la CIA encore tenues par  des  faucons qui ne  demandent qu'à  en découdre avec la Russie.

A la déception de l'élection de Trump que ces gens là vomissaient et qui annonce une ligne différente s'est ajoutée celle de la victoire à Alep  de l'armée  syrienne soutenue par les Russes, sur les djihadistes soutenus par l'OTAN.

Or  voilà bien la vraie raison de cette agressivité de fin de mandat : l'immense  déception de ces  forces  qu'incarnait  Hillary Clinton  devant ce que l'ambassadeur de France à  Washington, si piètre diplomate, a appelé la "fin d'un monde". La fin, non de la puissance  américaine  mais celle de l'idéologie néoconservatrice au nom de  laquelle les Américains se sont sentis investis du droit  d'intervenir partout  sur la planète pour y faire régner le bien, causant les dégâts que l'on sait. L'amertume  est telle chez ces gens qui, le 20 janvier, date de la prise de fonctions de Trump, ne seront  plus rien, que certains  sont sans doute prêts à tout.

En ne réagissant pas à cette provocation de dernière minute, Poutine s'est montré le plus sage.

[1] Selon l'ambassadeur de Syrie à l'ONU,  des Français auraient apporté leur concours à cette opération.