Le “gender” à l'école ou la pédophilie fantasmatique

Il serait faux de penser que la pédophilie est un comportement de personnes qui passent toujours à l’acte, ce que les spécialistes appellent la pédo-sexualité. Une grande partie des personnes présentant un comportement dit « pédophilique » sont en fait des personnes qui se limitent à des fantasmes et à des désirs sexuels orientés vers les enfants, mais sans passage à l’acte. Le psychologue Pascal de Sutter parle de « pédophilie fantasmatique » [1].

UNE RAPIDE ETUDE bibliographique sur ces sujets nous amène à nous poser la question : n’y aurait-il pas de nombreux points communs entre ce type de déviance et l’obsession de notre époque à vouloir enseigner le gender à l’école, y compris dans les classes les plus jeunes ? Il y a urgence à dénoncer cette pratique, car les expériences se multiplient dans les écoles.

Après Tous à poil (Ed. Le Rouergue) et le film Tomboy utilisés dans les écoles, on propose une scène de théâtre présentée en vidéo pour les enfants par la troupe EaEo. Cette troupe montre un clown — celui qui se trompe tout le temps —, qui se déshabille : il enlève le haut, puis le pantalon, et même le slip. Et se retrouve nu comme un ver. À l’évidence, certains éducateurs visent à habituer l’enfant à la nudité de l’adulte. Voyons pourquoi la question mérite d’être posée : le gender ne serait-il pas une nouvelle forme de pédophilie fantasmatique ?

Il est symptomatique de constater que 80% des personnes ayant des tendances à la pédophilie sont des hommes. Loin de nous l'idée de vouloir accuser les fonctionnaires en charge de l’élaboration des programmes scolaires ou les maîtres d’école d’avoir ce type de tendance. À l’évidence, ces éducateurs n’ont aucune intention perverse. Malheureusement, l’endoctrinement idéologique de l’enseignement du gender est tel qu’ils en viennent, inconsciemment, à s’inscrire dans la démarche du pédophile fantasmatique.

Notre réflexion relève du questionnement. La lecture des psychologues qui évoquent les mécanismes de développement de la pédophilie conduit à se demander pourquoi ces processus ne se développeraient pas au niveau d’une société entière. Cette question mériterait d’être approfondie par des experts.

I- La pédophilie, une idéologie très soixante-huitarde

En 1968, on a assisté à des prises de position visant à faire accepter socialement la pédophilie. Des personnalités connues se présentaient elles-mêmes comme pédophiles, ou « sympathisantes ».

L’apologie de la pédophilie a parallèlement fait l’objet de diverses formes de complaisance, médiatique, politique ou intellectuelle.

Des écrivains

- Roger Peyrefitte, dans la plupart de ses œuvres portant sur des sujets contemporains, n’eut de cesse de mettre au jour l’homosexualité ou la pédérastie de certaines personnalités.

- Guy Hocquenghem, essayiste, romancier et militant homosexuel, préconisa de retirer les enfants à leurs mères, ou du moins d’« empêcher que les femmes aient un droit exclusif sur les enfants », qu’elles oppriment et dont elles nient le droit à la libre sexualité.

- André Glucksmann publia en janvier 1977 un communiqué demandant la libération d’adultes accusés d’actes pédophiles.

Des enseignants renommés

- René Schérer, professeur émérite à l’université Paris VIII, publia en 1974, Émile perverti, essai contestant que les rapports sexuels soient nocifs pour les enfants.

- Anne-Claude Ambroise-Rendu, professeur d’histoire à l’université de Limoges, tenait un discours selon lequel « les enfants ont aussi droit à la sexualité ».

- Paul-Michel Foucault (1926-1984), titulaire d’une chaire au Collège de France entre 1970 et 1984, soutenait les thèses pédophiles de René Schérer en 1976.

 Des grands prix de littérature

- Le Prix Médicis a été accordé en 1973 à Tony Duvert, pour son premier roman, Récidive, dans lequel l’auteur se dit ouvertement pédophile.

- Le Prix Renaudot de l’essai a été accordé en 2013 à Gabriel Matzneff pour son ouvrage Séraphin, c’est la fin ! qui relance la polémique au sujet de sa pédophilie.

Des médias

- Le Monde accorda des chroniques à Gabriel Matzneff.

- France Culture, en avril 1978,ouvrit ses ondes à Michel Foucault pour dénoncer le cadre juridique postulant le danger de la sexualité d’enfants avec les adultes.

 - Libération publia un article intitulé « Câlins enfantins » (20 juin 1981), qui présentait, de manière complaisante, le témoignage d’un pédophile sur ses rapports sexuels avec une enfant de cinq ans.

 Des mouvements associatifs

- Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), fondé à Paris en 1971, prit la défense des pédophiles. Il était issu d’un rapprochement entre des féministes lesbiennes et des activistes gays.

- Le Paedophile Information Exchange (PIE) était un groupe britannique visant à la reconnaissance des droits des pédophiles fondé en octobre 1974 et dissout en 1984. Prônant la suppression de toute majorité sexuelle, il prétendait défendre une sexualité « fondée sur un plaisir librement désiré et partagé » et montrer, par la diffusion d’« informations scientifiques, sociologiques et surtout précises [...] comment la vie des enfants, aussi bien que celle des pédophiles, est pervertie et traumatisée par les valeurs répressives de notre société ».

Des hommes politiques

- Patricia Hewitt, secrétaire d’État britannique à la Santé du gouvernement travailliste jusqu’en 2007 voulait abaisser l’âge du consentement des relations sexuelles à 10 ans ! Elle signa un manifeste réclamant la légalisation de l’inceste.

- Daniel Cohn-Bendit publia en 1975 Le Grand Bazar (Belfond) dans lequel un chapitre, « Little big men », est consacré à la « sexualité des enfants ».

- Bernard Kouchner, Jack Lang, et d’autres signèrent la pétition contre la majorité sexuelle de janvier 1979 demandant la relaxe d’individus arrêtés pour des relations sexuelles avec des enfants.

II- Les mécanismes de nature pédophilique : une crise de la “masculinitude”

La pédophilie est considérée comme un miroir de l’aliénation des faibles par le sexe masculin [2]. Le fait que la grande majorité des pédophiles, ainsi que des consommateurs de pornographie et de prostitution enfantine, soient des hommes vient appuyer cette thèse.

On est face à une immaturité émotionnelle, à des comportements infantiles dans l’expression des émotions intimes. Dès lors, le pédophile fantasmatique ne supporte pas cet « âge de l’innocence » et cherche à imposer ses fantasmes à des innocents. Le pédophile fantasmatique éprouve un manque de confiance en soi. Il se sent plus à l’aise avec un individu jeune et inexpérimenté. Il reste en harmonie avec l’enfant qu’il fut autrefois. Il perçoit le monde adulte comme menaçant sur les questions relevant de son intimité.

Lorsqu’il est avec un enfant, il peut éprouver un sentiment de puissance et de contrôle qui, pour un moment, vient contrer une anxiété de “masculinitude”, c’est-à-dire une peur inconsciente de ne pas être à la hauteur en tant qu’homme. Certains sont pervers, d’autres ne le sont pas. « Il est faux de croire que tous sont des abuseurs, en ce sens que certains d’entre eux ne passeront jamais à l’acte puisqu’ils sont capables d’éprouver de la honte, de la culpabilité et du respect pour les enfants [3] ».

À l’évidence, dans la comparaison avec l’enseignement du gender, on n’est pas en face de processus de passages à l’acte de personnes ayant une faible capacité à gérer, ou vouloir gérer, leurs pulsions sexuelles.

Malgré tout, il convient d’être prudent. Certains interviews de professeurs semblaient trouver anodine la page « À poil la maîtresse » du livre Tous à poil ! Comme si le passage à l’acte était très éloigné de l’image pour un enfant ! Il y a dans ce type de complaisance, une forme d’exhibitionnisme qui est souvent présente chez les pédophiles.

Le pédophile fantasmatique cherche à se construire un schéma qui est moralement acceptable pour lui. Par exemple, il va concevoir un nouveau cadre moral qui arrange sa conscience, même s’il ne lui vient pas à l’idée de passer à l’acte sexuel avec l’enfant. Il rationalise ses fantasmes en les « enrobant » d’un discours politico-psychologique libertaire.
Une autre explication se trouve dans une forme d’« adultophobie ». Les psychologues le savent : « Non seulement le pédophile n’éprouve pas d’attirance sexuelle pour les adultes, mais ressent un profond dégoût ou une véritable peur-panique à l’idée d’engager une interaction sexuelle avec une personne de son âge [4]. »

Les conduites de nature pédophilique peuvent avoir deux causes contradictoires [5]:

a/ Celle de l’homme hypo-masculin qui craint d’être trop masculin

On peut se demander si notre société qui a généralisé la féminisation du corps enseignant plaçant la femme dans une situation de modèle, la mixité ramenant le garçon dans des situations relatives d’échec scolaires, n’ont pas contribué à cette inhibition de la masculinité. L’État qui se comporte comme une nounou, en assurant tous les risques sociaux, sans contrepartie des bénéficiaires, a placé toute une génération en situation de craindre l’agressivité de domination et de compétition du monde masculin.

Pour l’homme hypo-masculin, les contacts avec les autres hommes génèrent une importante anxiété des représailles. Dans le monde des hommes, il est un agneau qui se soumet à l’autorité masculine. Il est méfiant, toujours sur le qui-vive. Pour lui, les hommes représentent de potentiels agresseurs. Il vit un stress énorme lorsqu’il se retrouve dans un contexte d’intimité avec les pairs masculins. Cette dynamique entraîne d’importantes difficultés d’adaptation au monde du travail.

Il ne faut pas s’étonner que cette déviance pousse l’homme hypo-masculin à investir l’enfant comme champ d’expérimentation affective à travers son innocence, sa vulnérabilité et sa pureté d’enfant.

b/ Celle de l’homme hyper-masculin qui craint de ne pas être assez masculin

Notre société qui étale les performances pornographiques dans tous les médias contribue à cette hypertrophie de la masculinité. Le développement des difficultés économiques tend également à percevoir les autres hommes comme de potentiels rivaux. L’agressivité de domination et de compétition est prédominante et colore l’ensemble des rapports interpersonnels au point de développer une anxiété de démasculinisation.

Cette déviance contribue à craindre l’intimité affective et se traduit par un besoin compulsif de contrôler et de dominer l’autre. Dans le scénario pédophilique, l’homme hyper-masculin est soumis à la jalousie et à la violence au point de vouloir prendre une emprise sur le plus faible, l’enfant.

Cette typologie qui concernait seulement quelques individus, ne serait-elle pas en passe de devenir une crise sociétale ? « Où sont passés les mecs ? » titrait un hebdomadaire il y a quelques années pour analyser ce qui pourrait relever d’une crise générale de la "masculinitude". Cela pourrait expliquer l’acharnement de notre époque à vouloir imposer ses fantasmes à l’école avec le gender.

Quelles en seront les conséquences sur les enfants ?

III- Un crime contre l’innocence de l’enfant

Il est symptomatique de constater que de très nombreuses associations cherchant à défendre les enfants contre la pédophilie retiennent dans leur dénomination le terme innocence : Association Innocence en danger, Association « Innocence profanée » ou Action Innocence. C’est dire combien il y a unanimité à considérer que l’innocence enfantine est une valeur à protéger contre les adultes. L’éducation prématurée au gender n’est-elle pas une atteinte grave à cette innocence ?

Nous reprenons ici également des bibliographies diverses expliquant les ravages de la pédophilie sur les enfants. La comparaison avec l’impact de l’enseignement du gender pourrait se révéler surprenante.

Dans la pédophilie fantasmatique, comme dans l’enseignement au gender, la relation physique n’est certes pas le but recherché. Mais l’idée est d’introduire, dans l’esprit de l’enfant, des informations appartenant au monde des adultes de façon à ne rien lui laisser ignorer de ce qui l’attend plus tard. C’est un fantasme d’adulte, fragilisé lui-même, que de vouloir protéger l’enfant au risque de laisser les petites victimes de cet enseignement en sortir abîmées à jamais. Et cela est monstrueux.

Pourquoi ? Parce que l’enfant n’est pas équipé physiquement pour « traiter » ces informations. Être mis au courant de faits sur lesquels on n’a aucune prise ne peut être que générateur d’angoisses et de troubles. Ce que les pédophiles font souffrir aux corps des enfants, les pédophiles « éducationnels » le font souffrir à leurs esprits !

Pédophilie éducationnelle

La dévastation physique perpétrée par cet esprit pédophile dans l’esprit de leurs victimes pourrait être rattrapée par la destruction mentale des repères d’innocence des enfants, grâce à ce que plusieurs voix dénoncent à travers l’Europe sous le concept de « pédophilie éducationnelle ». Quand la boucle sera complètement bouclée, aucun parent ne pourra plus porter plainte contre aucun pédophile, puisque tous les enfants sauront « tout ce qu’ils n’auraient pas dû savoir dans un monde normal ». Et ce, dès la crèche!

Pour se protéger, l’enfant, et même l’adolescent, devra faire face à un véritable processus de victimisation, à une véritable relation d’emprise, c’est-à-dire un processus d’aliénation mentale comparable aux manipulations psychiques pratiquées dans les sectes ou d’usage courant chez les publicitaires qui ciblent des publics de plus en plus jeunes.

Tout y est faussé et prémédité, la passion télescope la raison, les sentiments des victimes sont bafoués et exploités, le désir est émoussé de manière artificielle. Les émotions authentiques de l’enfant sont inhibées et sa pensée individuelle annihilée. De manière insidieuse, le fonctionnement affectif de l’enseignant conditionne l’élève à se soumettre à des transactions malsaines et/ou pathologiques : un garçon pourrait devenir une petite fille ou réciproquement.

La vulnérabilité de l’enfant est ainsi exploitée suivant des stratégies dont l’efficacité est redoutable. Comme dans le cas de la pédophilie, l’enseignement du gender, même sans violence sexuelle, se produit sur fond de rapport de séduction et /ou de domination.

On peut imaginer que, quelques années après, l’enfant rapportera que ce viol de leur innocence était une chose normale entre les enfants et les adultes, qu’il s’agissait d’un passage obligé de leur éducation, que c’était de l’initiation pédagogique. Mais, avec le recul, il leur faudra se reconstruire tant ils auront été souillés, abîmés, violés, détruits, déformés, altérés, dépossédés, dans tout ce qui constitue leur identité de petit garçon ou de petite fille. La pensée de l’enfant aura été inhibée, ses raisonnements logiques enrayés.

La raison qui pousse à dire la vérité aura été comme bloquée notamment par le fait même que l’enfant n’a plus accès à son propre désir, celui de s’identifier au garçon qu’il est, ou à la petite fille qu’elle est.

Ils se seront vus confrontés à une sexualité inopportune, inadéquate et de manière trop précoce. L’enfant aura été dépossédé jusque dans son esprit de ce qui le tenait unitairement à son propre corps. Les ressources et les mystères de son corps auront alors été rendus inaccessibles par la pensée.

Cet enseignement du gender n’aura-t-il pas des répercussions sur les parents eux-mêmes ? 

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« Comme une onde de choc, avec ses effets dans l’après-coup, l’impact psychologique sur les parents fait tache d’huile. C’est alors tout un pan de leur histoire qui s’effondre. Les parents se sentent plus ou moins violés et atteints dans leur amour propre et leur orgueil. À travers... leur enfant, ils sont pris dans une situation bouleversante qui les perturbe au plus profond de leur être. Le système familial est alors percuté de plein fouet, fragilisé et déséquilibré. Chaque membre de la famille va exprimer à sa manière ses ressentiments, sa détresse ou sa colère. Cette agression... déstabilise le fonctionnement systémique de la famille et remet en cause le fondement des croyances familiales [6]. »

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Ce commentaire de Y-H. Haesevoets, psychologue, a été rédigé à propos des conséquences de la pédophilie sur l’équilibre familial. Il ne s'agit donc pas de prétendre que les conséquences de la pédo-sexualité et de l'enseignement du gender sont identiques sur la famille. Disons simplement qu'un parallèle est possible et que les glissements entre les deux sont incontestables. Haesevoets explique remarquablement bien que la victime de pédophilie « ayant été précocement confronté à la sexualité d’un adulte [...] éprouve d’énormes difficultés à prendre des distances et à retrouver ses marques en tant qu’être humain ou individu inscrit dans une société donnée. Prisonnier d’une relation à caractère sexuel qu’il est incapable de gérer ni même de comprendre, l’enfant victime développe toute une série de mécanismes psychologiques qui vont l’aider à survivre [7] ». Est-il besoin d’être psychologue clinicien pour deviner combien ce propos risque de s’appliquer aux enfants ayant été conditionnés par un enseignement au gender ?

Une fabrique d’automates

L’enseignement du gender est, en fait, une idéologie destinée à fabriquer des automates. En effet, parmi les mécanismes psychologiques que l’enfant va élaborer pour se protéger, on retrouvera l’adaptation à la situation, la résistance au stress, la soumission à l’autorité quelle qu’elle soit, le masochisme relationnel, les répétitions traumatiques, l’imitation comportementale et l’identification à l’enseignant.

Une fois asservi, l’enfant se conformera, souvent de manière aliénante, à ce que l’adulte attend de lui et adaptera ses conduites aux circonstances que lui impose celui qui lui aura dispensé l’enseignement. Comme par un effet de miroir, l’enfant perdra l’image de soi, en captant celle de l’adulte dont il aura été victime. Cette image sera notamment caractérisée par l’impossibilité d’avoir des relations égalitaires avec les autres. L’enfant se verra comme une simple chair sexuée dont il pourrait faire ce qu’il veut.

Cette dévalorisation conduira à une dépersonnalisation et à une cassure identitaire. La faible estime de soi, le manque de confiance, la blessure narcissique profonde empêcheront l’enfant de se forger une personnalité singulière et de se réaliser dans un être bien structuré, en fonction de son identité biologique.

Bien entendu, répétons-le, il ne s’agit pas d’imaginer que l’enfant aura été victime d’actes de pédophilie sexuelle pendant les cours, mais certaines conséquences seront très comparables : pour atténuer des mouvements agressifs de sa part ou pour se donner une marge de sécurité, l’enfant nouera des liens de nature affective avec son maître qui, inconsciemment, sera en quelque sorte dans le rôle d’un abuseur sexuel. L’enfant percevra son abuseur comme un personnage incontournable qu’il faut bien supporter. Il essayera donc d’aménager des espaces de sécurité affective autour de lui. Bien après l’arrêt des cours sur le gender, l’emprise de l’abuseur sur sa victime continuera à avoir des effets perfides sur l’existence l’enfant.

IV- Tous complices

Cette pédophilie éducationnelle est un crime contre l’innocence. On n’en mesurera les conséquences désastreuses que dans de nombreuses années, quand les victimes auront vieilli.

L’enseignement du gender aux plus petits pourrait se révéler être un véritable scandale public comme a pu l’être celui de la pédophilie. Qui seront les responsables ?

Qui seront les responsables ?

Il faut veiller à ne pas transformer en bouc émissaire tel ou tel ministre, telle ou telle catégorie de fonctionnaires. Certes on peut s'insurger contre un propos tenu quand il est inadmissible et dénoncer une mesure ou un programme scolaire quand il est nocif pour les enfants, mais il n'est pas inutile également de se tourner vers la société qui produit ce genre de mesures. Il serait bon de démasquer un certain nombre d'hypocrisies.

Nous devons tous nous interroger, en rejetant désormais tout faux-fuyant, à propos d’une culture qui, de nos jours, règne incontestée et favorisée, et qui tend progressivement à effilocher le tissu conjonctif de toute la société... : c’est l’attitude de ceux qui cultivent une autonomie absolue vis-à-vis des critères du jugement moral et qui propagent comme bons et séduisants des comportements inspirés de désirs individuels et d’instincts parfois effrénés.

Le sociologue Massimo Introvigne, président du Center for Studies on New Religion (Cesnur), a eu raison d'écrire :

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« Ce que les Anglais et les Américains appellent “the Sixties”, les années Soixante, […] apparaît de plus en plus comme une période de profond bouleversement des mœurs… Deux thèses se sont opposées : celle d’Alan Gilbert, qui pense que la révolution des années 1960 a été déterminée par le boom économique qui a répandu l’esprit de consommation et éloigné les populations des églises ; et celle de Callum Brown, pour qui le facteur décisif a été l’émancipation des femmes, suite à la diffusion de l’idéologie féministe, du divorce, de la pilule anticonceptionnelle et de l’avortement.

Mc Leod pense — à juste titre selon moi — qu’une révolution d’une telle portée ne peut pas s’expliquer par un seul facteur. Le boom économique et le féminisme entrent en jeu, mais également des aspects plus strictement culturels,[…] Benoît XVI montre, avec sa lettre, qu’il est conscient du fait qu’il y a eu dans les années soixante une authentique révolution — pas moins importante que la Réforme protestante ou la Révolution française — qui a été “très rapide” et qui a asséné un coup très dur à la “traditionnelle adhésion du peuple à l’enseignement et aux valeurs catholiques”. [...] Dans l’Église catholique on n’a pas tout de suite été suffisamment conscient de la portée de cette révolution. Au contraire, celle-ci a contaminé – estime aujourd’hui Benoît XVI – “même des prêtres et des religieux”, […] et elle a été la cause d’une “formation humaine, morale et spirituelle insuffisante dans les séminaires et dans les noviciats”» (Zenit, 22 mars).

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L’exacerbation de la sexualité détachée de son sens anthropologique, l’hédonisme à tout va et le relativisme qui n’admet ni barrières ni sursauts, font beaucoup de mal parce qu’ils sont spécieux et parfois, sans que l’on s’en rende compte, omniprésents. Alors il faut que nous recommencions tous à appeler les choses par leur nom, toujours et partout, à identifier le mal dans sa gravité croissante et ses manifestations multiples, pour ne pas nous trouver, avec le temps, face à la prétention d’une aberration revendiquée sur le plan des principes.

Nous vivons un acharnement à vouloir réduire les individus à leurs comportements sexuels, à exacerber la sexualité en la détachant de son sens anthropologique. De cela nous sommes probablement tous responsables.

Lorsque l’exaltation de la sexualité envahit tout l’espace de la vie et que l’autonomie de l’instinct sexuel par rapport à tout critère moral est revendiquée, il devient difficile de faire comprendre que certains abus déterminés doivent absolument être condamnés. En réalité, la sexualité humaine, dès son début, n’est pas simplement instinctive, elle n’est pas identique à celle des autres animaux. Comme tout ce qui est humain, c'est une sexualité pétrie de raison et de morale, qui peut être vécue de manière humaine et qui ne rend vraiment heureux que si elle est vécue de cette façon.

L'enseignement du gender à ces jeunes ne sera-t-elle pas une tragédie ? Ne vivront-ils pas dans leur chair et dans leur être le plus profond, des conséquences comparables, peut-être à un degré moindre mais bien plus largement diffusées, à celles qu'ont subi les victimes de véritables actes de pédophilie ? Cette culture de mort devient si répandue, que c'est toute notre société qui en arrive à accepter l'injustifiable.

 

Stanislas de Larminat est ingénieur agronome, diplômé de IIIe cycle de bioéthique, auteur des Contrevérités de l’écologisme (Editions Salvator, 2011).

 

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[1] Pascal de Sutter, professeur de Psychologie à Louvain-la-Neuve :« Nouvelles pistes dans le traitement de la pédophilie ».
[2] Études menées par Fraisse, 2001 et Benkimoun et Blanchard, 2001.
[3] Consultation Élysa / http://www.unites.uqam.ca/dsexo/2004/1104/4574-ns18w.htm
[4] Pascal de Sutter : « Nouvelles pistes dans le traitement de la pédophilie », http://www.aftcc.org/conferences
[5] Analyse empruntée à Suzanne Gagné, « Anxiété de masculinitude », Clinique d’évaluation et de traitement des troubles du comportement sexuel du Centre hospitalier Robert-Giffard de Québec.
[6]« Des abus sexuels extra-familiaux à l’exploitation sexuelle des enfants via Internet » de Y-H. Haesevoets, psychologue clinicien, psychothérapeute d’orientation psychanalytique, chargé de recherches et maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles, expert près les tribunaux, formateur-superviseur d’intervenants médico-psycho sociaux et judiciaires, et d’équipes institutionnelles, membre expert de la Commission nationale contre l’exploitation sexuelle des enfants, formateur à la Fondation pour l’Enfance, Paris.
[7] Idem.

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