Lancement d'un mouvement gay chez François Fillon

Soucieux de casser l'image du candidat de la droite, son équipe a donné un accord de principe mercredi à la formation d'un mouvement homosexuel en sa faveur.

Entre deux révélations fracassantes, on pouvait trouver cette semaine une information passée inaperçue dans Le Canard Enchaîné. Une nouvelle composante est en passe de venir s'ajouter au dispositif de campagne de François Fillon: un mouvement de soutien d'homosexuels pour la campagne du candidat de la droite est dans les tuyaux. Cette initiative sera confiée à Benoît-Olivier Boureau, banquier chez Rothschild et impliqué dans le comité de soutien parisien de la campagne de François Fillon. Contacté par LeFigaro, lui-même n'a pas donné suite à nos sollicitations jusqu'ici.

Il a en revanche pris contact avec Pierre Danon, à la tête du pôle de campagne société civile auprès de François Fillon. «Il m'a demandé si c'était bien à moi qu'il fallait s'adresser. J'ai répondu que je serai ravi d'accueillir cette initiative et de le publier si elle est solide et sérieuse, ce dont je ne doute pas», confirmait au Figaro mercredi soir l'ex-patron de Numéricable, qui a notamment supervisé le rassemblement du Trocadéro. Le chef de file des Jeunes avec Fillon confirme la nouvelle. «C'est une très bonne chose, ça devrait permettre d'élargir notre audience, alors qu'on essaie de le faire passer pour un extrémiste en arguant de la radicalisation de sa campagne», salue Cédric Rivet-Sow.

Côté «société civile» filloniste, la nouvelle est plutôt bien accueillie. «C'est vraiment bien», s'enthousiasme Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, ex-égérie de la Manif pour Tous en 2013 et aujourd'hui présidente de l'Avenir pour Tous. Soutien de François Fillon, elle se revendique également sympathisante de la communauté homosexuelle. Une communauté au sein de laquelle certaines dents grincent. «J'en ai entendu parler. C'est en train de se faire, mais je n'ai pas eu les détails», atteste, côté LR, Franck Riester. Le député, qui fut l'un des premiers cadres à droite à révéler son homosexualité, regrette la démarche: «Tout ce qui s'inscrit dans une démarche communautariste, ce n'est pas une bonne idée, je suis contre».

Gaylib vent debout

Du côté du mouvement homosexuel des Républicains "Gaylib" c'est carrément la froide révolte. «On pourrait croire à une blague. C'est consternant, pathétique, je n'ai pas de mots», s'agace la présidente du mouvement Catherine Michaud, par ailleurs élue UDI. «Ça fait joli dans la vitrine, ça devait lui manquer», assène-t-elle. «.Je ne comprends pas qu'une personne homosexuelle puisse soutenir un candidat qui propose de hiérarchiser les familles et de conditionner la protection des enfants selon l'orientation sexuelle des parents». «Je pense que la droite se trompe de priorité en voulant réécrire une partie de la loi Taubira, les Français sont passés à autre chose», poursuit la centriste.

Le soutien de l'électorat homosexuel à François Fillon est loin d'être acquis, alors que le candidat a notamment promis de revenir sur le droit à l'adoption par les couples homosexuels, inscrit dans la loi Taubira. La montée en puissance dans le dispositif de campagne de Sens Commun, émanation politique de la Manif pour tous, n'a pas arrangé les choses.

Source : Le Figaro