Ce matin, le vendredi 21 octobre, le plateau de l’émission « C’est dans l’air » portait sur la question du Brexit et réunissait quatre personnalités. Une anglaise, forcément, Christophe Barbier qui est un habitué de cette émission, un tout jeune économiste encore inconnu, et un expert des finances.

La dame anglaise expliquait que les Anglais – ceux qui voyagent - commençaient déjà à ressentir les conséquences de leur départ de l’Europe. Nous savons, quant à nous, que les Anglais qui voyagent, ce sont d’une part les hommes d’affaires, et d’autre part une catégorie socio-professionnelle aisée, qui a une maison dans le Berry, en Grèce ou à Majorque. Ceux-là, évidemment, seront touchés par le Brexit parce que voyager va devenir un petit peu plus coûteux. On est évidemment désolés pour eux, mais enfin, il y a pire comme désagréments… Personne sur ce plateau extraordinairement consensuel, si extraordinairement consensuel que personne ne s’et coupé la parole. C’était distingué, élégant, raffiné, vrai, ça nous changeait un peu, sauf que, on l’a bien compris, ils étaient là pour pour la propagande habituelle.

Il y a eu une question d’un auditeur étonnante : cela va-t-il changer quelque chose pour les agriculteurs. Non, cela ne va rien changer ont-ils répondu avec un chœur parfait….

On peut savoir sur quoi ils se fondent ces quatre experts pour répondre de manière aussi péremptoire ? Il est tout de même extraordinaire que l’on puisse répondre de manière aussi assertive sans s’appuyer sur aucun élément précis.

Mais plus délicieux encore, la dame anglaise relevait un propos qu’elle jugeait inqualifiable, propos tenu par une femme politique de premier rang : être citoyen du monde, c’est être citoyen de nulle part. Mais c’est une évidence absolue. Etre citoyen, cela veut dire appartenir à une cité. Donc à un pays, car un pays est fait de villes et de campagnes, de gros bourgs et de petits hameaux. Ici et là, on dit « mon pays », et ma « payse », ce qui signifie le lieu auquel on appartient. L’argumentation avancée avait de quoi laisser pantois : l’Angleterre est allée au quatre coins du monde. C’est oublier que ce fut avec l’intention de gouverner le monde, qu’il fallut la persévérance d’un Gandhi pour les chasser de l’Inde, où ils ne se sont pas comportés en citoyen du monde. Ni partout ailleurs où ils sont allés et où des foyers de guerre ont été ainsi posés. Mais le chœur fut unanime. A croire qu’ils avaient des consignes. La journaliste préposée à la distribution de la parole n’a pas sourcillé.

Christophe Barbier, qui est décidément d’une clairvoyance merveilleuse, a souligné deux choses. D’abord qu’il faut évidemment laisser les Anglais se retirer d’une partie dans laquelle leur jeu a toujours été d’une déloyauté évidente envers l’Europe - mais on se gardait bien d’en parler, « avant ». On voit mal comment on pourrait empêcher désormais ces Messieurs d’Outre-manche de quitter la barque européenne.  Le second point de son analyse, c’est qu’il faut envisager désormais une Europe nouvelle, - pas à 27, ni à 16, mais on ne sait pas à combien – qui nécessite un leadership que ni F. Holland, ni son homologue allemande n’ont le courage d’assumer.

Admettez que c’est une analyse d’une puissante perspicacité.

Ce monsieur est décidément partout. On le voyait encore ce matin même sur le plateau de  BFM télé, occupé cette fois à commenter les derniers événements : l’exaspération de M. Valls envers un président décidément bien chaotique. Mais c’était surtout pour lui l’occasion d’éreinter J. F. Poisson, à qui il est reproché d’avoir utilisé un terme dans son acception américaine qui semblerait dénoter une idéologie « rude ». On n’a pas précisé laquelle, mais on sent bien se profiler l’accusation de racisme ou d’antisémitisme.

M. Jean Frédéric Poisson, qui a réussi à franchir les mailles d’un filet que toute la presse s’évertue à maintenir étroitement serré, doit donc s’en expliquer auprès des Français, qui ne demandaient rien. Et même qui se réjouissaient pour une partie d’entre eux de voir que, enfin, un candidat un peu différent, avait réussi à se faire entendre et connaitre.

Mais puisque Christophe Barbier l’exige il devra donc faire allégeance à la presse toute puissante et qui entend bien le rester. François Holland avait bien compris que c’est à elle qu’il faut s’adresser, et les journalistes aujourd’hui le lui reprochent. Ces gens sont bien ingrats il me semble… Il paraît qu’ils devaient s’adresser aux Français. Il devait surtout gouverner, ce qu’il n’a pas fait, et quand il l’a fait, ce fut pour le pire.

Peut-être serait-il temps que non seulement la classe politique mais aussi la classe journalistique » se renouvelle. Et que « C’est dans l’air » s’emploie à autre chose qu’à nourrir l’esprit du temps, avec une phraséologie qui trompe de moins en moins de Français.

En bref, de l’air. Et même du vent !

 

Marion Duchauvel