Le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal s’est essayé au jeu des confidences dans une émission télévisée sur la chaîne privée TF1. Au nom de la lutte contre le harcèlement, il s’est épanché sur les brimades dont il aurait été l’objet adolescent. Une mise en scène assez pathétique qui poursuit l’œuvre de communication permanente de son mentor Emmanuel Macron.

La victimisation comme carburant politique. Le ministre Gabriel Attal a bien reçu la leçon de théâtre du président. Dans un exercice télévisuel dédié, il a pu évoquer le harcèlement dont il aurait été l’objet durant sa scolarité. Une manière habile de contourner les critiques de certains qui ont vu dans son cursus à l’école Alsacienne (école privée élitiste parisienne) une occasion de critiquer le jeune ministre.

Celui-ci a par ailleurs fait valoir des critiques antisémites dont il aurait été la cible bien qu’il ne soit pas juif, l’occasion de faire un clin d’œil à l’actualité et de se plaindre encore d’avoir reçu des lettres de menaces après les interdictions retentissantes des tenus dites « qamis » et « abbayas » dans les établissements publics.

 

Dans le cadre de sa campagne contre le harcèlement, le ministre a fait valoir son expérience personnelle « à la fin du collège » alors qu’il avait 14 ou 15 ans. Il aurait été qualifié de « pédale, tafiole, tarlouze » sur un blog et fait l’objet de moqueries. Un garçon aurait particulièrement pris part à cette petite campagne de dénigrement et est même revenu à la charge en 2018 quand Gabriel Attal a fait son entrée au gouvernement, l’accusant de profiter d’une « promotion canapé » du fait de son Pacs avec un conseiller de la présidence de la République Stéphane Séjourné.

Ce moqueur n’est autre que le très médiatique avocat Juan Branco. Ce dernier s’est rendu célèbre en prenant la défense des Gilets Jaunes mais aussi lors de l’affaire Griveaux et pour son arrestation au Sénégal et ses déclarations pathétiques qui ont suivi…

 

Les deux individus font dans la comédie mais chacun dispose d’un rôle qui lui est propre. Enfants de la modernité, ils s’épanchent sur leur petite personne, ce qui est particulièrement affligeant venant d’un ministre qui devrait agir plutôt que de se mettre en scène.

Une mise en scène assez courante dans le monde politique et dont la période Macron n’aura pas fait l’économie. Le garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti, actuellement en procès devant la Cour de justice de la République, en est un adepte. Lors de la précédente mandature, le ministre Schiappa s’était mise en scène dans la revue érotique « Playboy » quand le ministre de l’économie Bruno Le Maire a cru malin de publier un texte biographique vaguement pornographique. Dans une autre mesure, la mise en scène du ministre Dussopt avait joué la colère après qu’un député LFI avait posé avec un ballon sous le pied à l’effigie du président dans le cadre de la réforme des retraites.

 

Le théâtre politique est souvent affligeant, du « au revoir » de Valéry Giscard d’Estaing au « qu’ils viennent me chercher » d’Emmanuel Macron, les personnalités au pouvoir pratiquent la mise en scène. Celle-ci connait une diffusion massive avec le développement des réseaux sociaux ; dans le même temps, l’effondrement du niveau du personnel politique favorise l’avènement d’individus moyens qui font étalage de leurs petites misères sans intérêt…

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté Politique