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Que reste-t-il de l’Occident ?

Que reste-t-il de l’Occident ?
  • Auteur : Régis Debray et Renaud Girard
  • Editeur : Grasset
  • Année : 2014
  • Nombre de pages : 140
  • Prix : 11,00 €

À la manière des contes philosophiques du XVIIe siècle, cet ouvrage se présente comme un échange épistolaire entre deux anciens de l'ENS, deux « honnêtes hommes » au sens classique du terme : le philosophe Régis Debray et le reporter international Renaud Girard sur la question du déclin présumé de l'Occident.

L'Occident ne possède que des restes de sa gloire passée, ce qui ne l'empêche nullement d'en remontrer à toutes les autres sociétés de la planète avec la domination de l'Empire, lui-même à la fois apparemment fort, et bien fragile. La première armée du monde ne subit-elle pas défaite sur défaite ? Et puis, cette volonté d'imposer la démocratie à coups de bombardements, cette mondialisation qui profite si bien à l'Extrême-Orient ? Aveuglant complexe de supériorité.

Renaud Girard rappelle toutefois que l'Occident réunit des États de droit, alors que l'Orient, Moyen et Extrême, vivent sous la dictature d'élites autoproclamées, princes rouges en Chine, famille régnantes dans les États du Golfe, tsar bien aimé en Russie, et états-majors de Damas à Alger en passant par le Caire.

Girard insiste sur la chrétienté comme lien caractéristique de l'Occident. En européiste convaincu, il croit dans l'UE, ce machin-marché, constitué de pays, de régions, de tribus en concurrence entre elles, mais toutes ayant fait allégeance aux USA. Sommet atteint, lorsque M. Sarkozy alla plier le genou devant Bush junior, pour demander la réintégration de la France à l'Otan, ce qui fait soupirer de rage Régis Debray.

Atouts et handicaps de l’Occident

Pour Debray, l’Occident compte cinq grands atouts et cinq grands handicaps. Les atouts : une cohésion sans précédent, le monopole de l'universel, l'école des cadres de la planète, le formatage des sensibilités humaines, et l'innovation scientifique et technique. Girard lui cite des exemples tirés de ses reportages de terrain, qui viennent nourrir ou tempérer les affirmations de son correspondant. Pour lui, l'atout majeur de l'Occident est dans l'État de droit.

Viennent ensuite les handicaps qui affaiblissent les Occidentaux sans qu'ils s'en rendent vraiment compte : l'hubris du global, un aveuglant complexe de supériorité, le déni du sacrifice, la prison du temps court, la dissémination du perturbateur (tous les groupes, formels ou non, islamistes ou non, qui refusent de jouer le jeu).

La diversité des expériences, des angles, des points de convergence et de divergence entre les deux compères fait de ce petit livre rapide et brillant la synthèse la plus stimulante qui soit sur l’un des plus grands axes de notre avenir.

Chacun conclut l'échange avec une postface d'une dizaine de pages.

Que voilà un livre, typiquement français, où les auteurs se respectent dans leurs différences et échangent courtoisement. Une jouissance de l'esprit comme celle que procurent ces saveurs des grands maîtres chocolatiers.

Jean Voisin

 

Régis Debray, écrivain, philosophe, membre de l’Académie Goncourt, fondateur et directeur des Cahiers de médiologie, est l’auteur d’une oeuvre considérable et protéiforme.
 
Renaud Girard, journaliste et essayiste, est l’un des correspondants de guerre les plus expérimentés en France. Professeur de stratégie à Sciences-Po, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient et sur l'art de la guerre asymétrique.

 

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