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2030, la fin de la mondialisation ?

2030, la fin de la mondialisation ?
  • Auteur : Hervé Coutau-Bégarie
  • Editeur : Tempora
  • Année : 2009
  • Nombre de pages : 133
  • Prix : 14,00 €

Quel tableau ! Affaiblissement historique du rôle des États, révolution démographique conjuguant vieillissement de la population mondiale et accélération des flux migratoires, problèmes environnementaux qui deviennent cruciaux – celui de l'eau en particulier, propagation du fondamentalisme islamique... et la crise financière et économique qui n'en finit pas de faire des vagues, voire des tsunamis. Voilà l'analyse du monde actuel faite par Hervé Couteau-Bégarie, historien, directeur du cours de stratégie au Collège interarmées de défense (l'ancienne École de guerre), dans son dernier livre.

Que peut-il sortir de tout ce chaos? Quelles perspectives peut-on tracer pour les vingt prochaines années? L'auteur met sa vaste érudition au service de la prospective, dont il ne cache pas que c'est un exercice délicat : un cimetière parsemé d'épaves au départ clinquantes et vite lamentables , résume-t-il avec honnêteté. Pour autant, c'est un exercice indispensable. Il convient simplement d'être rigoureux quand on s'y livre. C'est l'esprit d'Hervé Couteau-Bégarie tout au long de ce petit livre dense, qui n'avance rien qui ne soit étayé par des faits, des chiffres ou des cartes.
L'une de ses principales interrogations concerne la mondialisation. Va-t-elle résister à toutes ces évolutions ? Ce qui est sûr, c'est que notre monde est devenu infiniment plus complexe : les États, concurrencés par les multinationales, sont en berne, ils ne jouent plus le rôle qu'ils jouaient avant la mondialisation, mais ils n'ont pas dit leur dernier mot, comme l'exemple russe en témoigne. Va dans le même sens un phénomène de morcellement de la puissance que l'auteur décrit ainsi :

  Un cycle de fragmentation qui a débuté au milieu du XXe siècle par le morcellement des empires coloniaux, a ensuite touché le dernier empire subsistant, celui de la Russie impériale puis soviétique, a atteint dans la foulée les Etats issus eux-mêmes du démembrement de l'empire Habsbourg après 1918, de manière violente (Yougoslavie) ou pacifique (Tchécoslovaquie) en attendant de s'attaquer à des Etats plus anciens et a priori plus solides : on connaît le succès relatif de la Ligue du nord en Italie, la revendication flamande en Belgique, le séparatisme québécois au Canada.

Et la France? Quelle place peut-elle tenir dans ce contexte de plus en plus incertain et mouvant ? Hervé Couteau-Bégarie dénonce la dérive des finances publiques : difficile d'avoir de vraies marges de manœuvres dans ces conditions. Il constate par ailleurs que l'opinion publique, vieillissante , est plus sensible à la défense de ses retraites et de ses acquis sociaux qu'à une politique de puissance . Pour autant, conclut-il, il ne faut pas abdiquer : L'histoire du XXe siècle est là pour nous montrer que des rebonds sont toujours possibles.  
Charles-Henri d'Andigné

 

 

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